En plus de ses fonctions de limite de propriété et de protection des cultures contre le bétail, le talus est aussi pourvoyeur de bois et d’espace de culture. C’est au XVIIe siècle que ces fonctions deviennent essentielles : la déforestation est telle que la plantation de bois sur talus apparaît comme la solution à la pénurie. Cette exploitation des bois sur talus est strictement réglementée. Les usages reconnaissent aux paysans le droit de s’approprier certains arbustes (genêt, saule, coudrier…) ainsi que le bois nécessaire à la fabrication des essieux, timons… Le talus est, pour eux, le seul pourvoyeur de bois, en particulier après l’établissement du code forestier en 1827 qui leur interdit l’usage des espaces boisés. Mais le talus ne fournit pas que le bois de chauffage, constitué en majeure partie par les émondes, ces branches inutiles retranchées d’un arbre. Il fournit aussi quantité de ressources, qui permettent aux exploitations de limiter leurs achats, et des compléments de revenus. Ainsi le hêtre peut être vendu sur pied aux sabotiers, à condition que son fût soit bien droit. L’écorçage a également joué en Bretagne intérieure un rôle important dans l’économie : pulvérisée dans des moulins à tan, l’écorce de chêne est utilisée par les tanneries, nombreuses, en particulier dans toute la région proche de Landivisiau. Forêt linéaire, le talus doit donc être géré au même titre que les terres de l’exploitation. La densification du bocage trouve sans doute là également l’une de ses raisons d’être.
Le rôle économique du talus
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Auteur : Lena Gourmelen, « Le rôle économique du talus », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 23/06/2022.
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Auteur : Lena Gourmelen
Lena Gourmelen est médiatrice du patrimoine et responsable de l’association Cicindèle, qui anime la Maison des Landes &Tourbières à Kergrist-Moëlou (22). Elle est également responsable du Master ''Médiation du patrimoine, de l’histoire et des territoires'' à l’université Rennes 2. Lena Gourmelen avait suivi un cursus d’histoire et d’ethnologie à l’université de Brest. Dans ce cadre, elle avait enquêté en Centre Bretagne, notamment sur le paysage dans les monts d’Arrée. Elle a également participé à la revue Kreiz Breizh consacrée à l’histoire et au patrimoine.