François-René de Chateaubriand (1768-1848) est parvenu à subvertir l’image de misère que l’on voulait accoler aux landes à son époque. C’est l’effet de la connaissance intime qu’il avait de ce paysage dont il avait fait son emblème :
« Avant de pénétrer dans le village j’ai traversé des wastes : ce mot s’est trouvé au bout de mon crayon ; il appartenait à notre ancienne langue franke : il peint mieux l’aspect d’un pays désolé que le mot lande, qui signifie terre. Pauvre enfant de la Bretagne les wastes de Weissenstadt me plaisaient : les bruyères sont mon nid et mes moissons ; leur fleur d’indigence et de solitude est la seule qui ne soit pas fanée à la boutonnière de mon habit. »
Un bon siècle après la mort de l’auteur des Mémoires d’outre-tombe, André Breton (1896-1966) se réfère à lui dans les Entretiens qu’il publie en 1952, en ajoutant :
« je participe aussi de ces landes, elles m’ont souvent déchiré mais j’aime cette lumière de feu follet qu’elles entretiennent dans mon cœur ».
Julien Gracq (1910-2007) a probablement aussi la formule en tête quand il écrit dans son roman Au château d’Argol :
« La Bretagne prodiguait alors ses séductions pauvres, ses fleurs humiliées : les genêts, les ajoncs, les bruyères croissaient en foule sur les landes qu’Albert parcourait chaque jour à cheval dans d’interminables promenades. »
Quant à Charles Le Quintrec (1926-2008), natif de Plescop, il se réfère aux mêmes valeurs que Chateaubriand quand il avoue :
« Les landes les plus déshéritées m’ont fait une patrie d’enfance. Je n’en veux pas d’autre. J’ai tout tiré de cette terre-là, tout, depuis la lumière qui me rassure, jusqu’au ciel que je vois dans les yeux de mes amis. Je suis de la lande comme d’autres sont de la mer. »