Plantes et pratiques médicinales en Bretagne

Auteur : Christophe Auray / décembre 2016
Les plantes tiennent une place majeure dans la médecine populaire en Bretagne. Elles sont employées dans des remèdes très divers pour soigner les maladies des hommes et des animaux. Le témoignage d’anciens paysans et les collectes des folkloristes du XIXe siècle permettent de reconstituer une partie de la pharmacopée médicale et magique des Bretons.

Connaître et reconnaître les plantes

Le sureau (Sambucus nigra) : ses fleurs sont récoltées le jour de la Saint-Jean à midi ou encore entre les deux Fêtes-Dieu. Elles serviront à faire des tisanes pour soigner les problèmes de peau. © Christophe Auray – Tous droits réservés.

Les plantes médicinales sont récoltées dans les chemins, les haies ou les prairies. Néanmoins, la majorité de ces végétaux se trouve autour de la maison d’habitation, dans un espace familier où les plantes sont facilement reconnaissables. Des plantes plus rares sont même cultivées dans le jardin.

La transmission des savoirs s’effectue de bouche à oreille. La tradition orale se réfère souvent aux sensations ressenties par les utilisateurs de ces plantes. La forme, la couleur, l’odeur sont des critères incontournables qui aident à la description de la plante et sa fonction médicinale. Mais l’écrit a aussi son rôle à jouer dans la reconnaissance des plantes et la diffusion de cette culture.

Des remèdes pour des maladies

Huile de millepertuis (Hypericum perforatum) : les fleurs de millepertuis sont plongées dans l’huile végétale. La préparation est exposée 40 jours au soleil. Elle devient rouge et est utilisée pour soigner les brûlures ou les plaies en application locale. © Christophe Auray – Tous droits réservés.

La confection d’un remède nécessite cueillette, conservation des plantes et fabrication d’une préparation. La cueillette se réfère aux saisons (le pissenlit est récolté au printemps) et à des repères précis du calendrier (la Saint-Jean ou la Fête-Dieu pour le sureau).

La plupart des plantes sont séchées pour servir au moment où la maladie s’exprime. D’autres sont conservées en macération dans l’alcool (pétales de fleurs de lys) ou dans de l’huile végétale (fleurs de millepertuis).

L’application du remède est adaptée à la maladie à soigner. Les tisanes, remède le plus fréquent, sont bues (lierre terrestre) ou déversées sur le mal (sureau sur la peau, bleuet en lotion dans les yeux). Les pommades sont préférées pour soigner les affections visibles du corps (peau, hématome, mammite). Une partie de la plante peut aussi être directement déposée sur la lésion (ombilic sur une plaie, suc de chélidoine sur les verrues). Les cataplasmes étaient courants autrefois pour soigner les affections digestives ou respiratoires chez les hommes et les animaux. Les inhalations (thym, romarin, sureau) sont actuellement préférées pour les maladies respiratoires.

Remèdes magiques de Bretagne

Croix d’églantier (Rosa canina) : croix fabriquée par un guérisseur de dartres du Morbihan cloutée au-dessus des portes de l’étable pour soigner les vaches ayant ce problème de peau. (Photo Auray C.)

Les pratiques médicinales comprennent également des remèdes que la science a plus de difficulté à justifier. Ils sont diffusés par tout un chacun ou par des spécialistes de certaines maladies tels que les guérisseurs. Le symbole des chiffres ou des formes (comme la croix) est prédominant dans ce mode de thérapeutique secrète, qui peut s’accompagner d’oraisons à réciter ou d’astres à observer (lever du soleil, pleine lune).

Plus couramment, des plantes sont portées sur soi pour guérir ou se préserver de maladies : un marron d’Inde dans une poche prévient des hémorroïdes ou des rhumatismes, un collier d’ail ou d’absinthe chasse les vers. La maladie est parfois transférée sur un végétal qui, en se décomposant, va permettre la guérison.

Carnet d’un guérisseur d’animaux au XIXème siècle à Cournon (Morbihan) : ce carnet correspond à un ouvrage de colportage recopié par cet empirique. © Christophe Auray – Tous droits réservés.

Plus présents dans le domaine vétérinaire, des bouquets sont suspendus dans les étables pour soigner des maladies de peau transmissibles (comme les dartres). Cependant, des bouquets peuvent aussi être confectionnés pour soigner les maladies de peau des hommes. Ils seront alors glissés sous l’oreiller.

L’utilisation des plantes dans les pratiques médicinales reste en perpétuelle évolution. Elle est en interaction avec les mentalités populaires qui, aujourd’hui, se réapproprient les savoirs anciens de la campagne tout en intégrant de nouvelles préparations disponibles sur le marché comme les huiles essentielles.

CITER CET ARTICLE

Auteur : Christophe Auray, « Plantes et pratiques médicinales en Bretagne », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 6/12/2016.

Permalien: http://bcd.bzh/becedia/fr/plantes-et-pratiques-medicinales-en-bretagne

Bibliographie

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Proposé par : Bretagne Culture Diversité

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