Le site de Beg ar Loued (île de Molène, Finistère) a livré les vestiges bien conservés d’une maison en pierres sèches de l’âge du bronze ancien. L’archipel de Molène d’alors avait une configuration proche de l’actuel même si le niveau marin était environ 3 m plus bas qu’aujourd’hui et que des zones boisées existaient encore sous la forme de haies ou de bosquets.
Deux phases de construction de la maison ont pu être reconnues sur une durée de quatre siècles (2200-1800 av. n. è.). Sur les ruines d’un premier bâtiment allongé et terminé en abside, une nouvelle maison fut édifiée. Cette reconstruction mal engagée a nécessité de bâtir plusieurs contreforts pour prévenir l’écroulement des murs. Autour de la maison, plusieurs structures aménagent l’espace : appentis, portail d’entrée et muret de parcellaire.
La grande quantité de coquillages récoltés par les occupants du site et l’ensablement rapide de celui-ci après son abandon ont permis une conservation remarquable des rejets domestiques, véritables mine d’information sur la vie des habitants. Cette communauté insulaire pratiquait la métallurgie mais exploitait aussi un large spectre de roches locales pour la confection d’outils, petits ou grands. Leur céramique comprenait de la vaisselle fine et de larges récipients pour la cuisine et le stockage. Ils cultivaient plusieurs céréales (orge, blé amidonnier, froment) et légumineuses (féverole, pois), et cueillaient des fruits (noisette, cenelle, cornouille). Ils élevaient le bœuf, le porc, le mouton et peut-être la chèvre. Le littoral était largement mis à profit : pêche à pied, barrages de pêcherie, chasse au phoque et aux oiseaux marins et migrateurs. Cette communauté sédentaire à l’économie vivrière n’était pas pour autant coupée du continent, avec lequel elle partageait le métal et une même culture matérielle.
