Dès la fin des années 1940, les bureaux d’études nazairiens planchent sur une nouvelle génération de pétroliers. Les ingénieurs misent sur le gigantisme, un choix justifié par l’instabilité autour du canal de Suez et la nécessité de prendre des routes maritimes plus longues.
En 1953, la navale nazairienne est en passe de gagner son pari avec seize pétroliers en construction ou en commande. Les Japonais, réputés pour leur rapidité d’exécution, deviennent de sérieux concurrents. Les chantiers de Saint-Nazaire démontrent néanmoins qu’ils peuvent répondre à des délais de plus en plus courts. En 1964, il faut six mois pour construire l’Olympic Freedom (96 000 t) et seulement cinq mois pour son sistership le World Faith. L’accroissement régulier des dimensions des pétroliers s’accompagne d’une nette amélioration des conditions de vie des marins. Désormais, un ascenseur dessert tous les ponts ; on trouve également une piscine, une aire d’appontage pour hélicoptère…
En 1966, un nouveau programme de modernisation est lancé. On assiste alors à la naissance d’un nouveau chantier dont les infrastructures impressionnent les armateurs. L’ambition de Saint-Nazaire est alors de devenir leader dans la construction des supertankers de 500 000 t. Témoins de cette démesure, la commande de quatre 280 000 t griffonnée par l’armateur grec Onassis sur une serviette en papier du bar d’un palace parisien lors d’un rendez-vous avec le pdg des Chantiers de l’Atlantique, ou encore la livraison en 1976 à la Shell de deux 550 000 t, le Batillus et le Bellamya. Mais en 1979, c’est la fin de l’aventure avec Pierre Guillaumat et Prairial, les derniers géants nazairiens.