Approche des territoires du quotidien

Jean Ollivro">

La proximité au quotidien

De nos jours, 83 % de la vie des gens s’opère dans un rayon de 20 minutes autour de leur habitation ! Ce chiffre est peu évoqué alors qu’il exprime l’essentiel de la vie des populations. On distingue trois points successifs. Tout d’abord, la permanence de cette moyenne, véritable étalon de la vie quotidienne, correspond à l’existence de « bassins de vie » parfois qualifiés de pays. Ensuite, on constate que cette moyenne diffère quelque peu selon les lieux, mais aussi les professions et les âges. Enfin, ce cadre de la vie quotidienne n’est pas stable puisqu’il est puissamment aménagé, précisément pour favoriser « les territoires de la vie quotidienne ».

Les bassins de vie

Aujourd’hui, même si nous bougeons beaucoup (voyages, déplacements d’affaires, tourisme, etc.) et utilisons de plus en plus les nouvelles technologies de communication à distance (Internet, Skype, etc.), il apparaît que le périmètre de notre vie quotidienne reste réduit et, pour l’essentiel, de dimension locale : à partir de notre logement nous allons faire nos courses, travailler, voir le médecin, conduire les enfants à l’école, etc. Ce périmètre correspond à ce que l’on appelle le « territoire de proximité » ou « le bassin de vie ». Ce territoire est plus ou moins perçu par les populations. Si on demande aux élèves d’une classe quel est le territoire de leur vie quotidienne, ils ont souvent du mal à le définir en un mot. En Bretagne, ces bassins de vie sont particulièrement originaux et nombreux. Dans l’ensemble, les enquêtes démontrent que les Bretons se réfèrent souvent au pays.

Des territoires à géométrie variable

Ces territoires du quotidien sont bien sûr très différents selon que l’on habite une grande ville ou une zone rurale. Dans les métropoles, on constate une forte densité de services et de commerces favorisant les mobilités douces  (marche, vélos, bus...) pour aller faire les courses ou se rendre à son travail. Par contre, les prix des logements y sont généralement élevés et nombreux sont ceux qui sont obligés d’habiter dans les espaces périurbains. Souvent, ils travaillent dans les villes voisines et l’exemple breton décrit bien ces mouvements de population avec des navetteurs  se déplaçant sur des périmètres élargis. Enfin, en zone rurale, les services sont plus rares, obligeant parfois les populations à se déplacer très loin pour avoir accès à certains équipements (hôpital par exemple). Les territoires de la vie quotidienne varient également selon les professions puisqu’un commercial par exemple, ou un chauffeur routier, se déplacera plus souvent au loin pour des raisons professionnelles. De même, selon que l’on soit enfant, adulte (l’obtention du permis de conduire), une personne handicapée ou âgée, ce périmètre sera plus ou moins réduit.

Un espace en évolution

Enfin, ce territoire de proximité, objet de multiples aménagements, peut lui même évoluer. Parfois, on réalise dans les villes des centres d’action sociale, des commerces, des centres culturels pour que la population n’ait pas à se déplacer au loin. Dans la période récente, ces aménagements ont été très nombreux dans les zones périurbaines pour que les populations récemment installées puissent avoir des services sur place (salles de sport, piscines, centres commerciaux, etc.). Parfois aussi, on réalise de nouvelles routes ou de nouvelles liaisons qui facilitent les déplacements lointains. En Bretagne, l’arrivée des voies express à partir de 1968-1969 a considérablement changé es mobilités et ouvert les territoires vers l’extérieur. Aujourd’hui, l’essor des TER ou l’arrivée du TGV modifient aussi l’accessibilité des territoires. D’autres communes créent des rues piétonnes ou favorisent les mobilités douces pour encourager l’ancrage des populations.

Bibliographie 

Article : « Territoires : de la communauté de destins à une communauté de desseins », Le journal de l'école de Paris du management, 2009/6 (N°80)

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