Début août 1914, Émile Masson, professeur à Pontivy, écrivain, philosophe et intellectuel engagé depuis l’Affaire Dreyfus, est plongé dans la préparation du n°20 de BRUG, sa revue bilingue et révolutionnaire adressée aux paysans bretons.
La guerre interrompt la publication et décime l’équipe de rédacteurs de BRUG.
Émile Masson, bouleversé par les massacres quotidiens, ne supporte pas la propagande patriotique de l’Union sacrée, l’appel incessant à la haine de l’ennemi. Antimilitariste et non-violent, il refuse l’idée de porter un fusil. Réformé pour raisons de santé, il va mettre toute son énergie à résister à la guerre.
Les pacifistes sont une poignée. Ils sont accusés de « défaitisme », qualifiés de lâches et de traîtres envers la patrie, surveillés, poursuivis et parfois condamnés.
Malgré la censure, Émile Masson, isolé à Pontivy, correspond avec Romain Rolland et les rares opposants à la guerre. Avec son épouse Elsie Masson, il participe à toutes les petites revues pacifistes qui bravent la répression. En janvier 1916, son Appel à la Paix, distribué clandestinement, s’achève par « Que maudite soit la guerre ! ».
Dans ses écrits des années de guerre, il prône l’objection de conscience et la réconciliation européenne. Fidèle à sa lutte pour l’éducation populaire, Émile Masson affirme : « Il est plus difficile d’élever un homme que d’en tuer dix ». Son « Utopie des Îles bienheureuses dans le Pacifique » imagine une société où la guerre a disparu grâce à l’éducation des enfants à la non-violence.