En 1801, Fanny Raoul (1771, Saint-Pol-de-Léon - 1833, Paris), publie Opinion d’une femme sur les femmes, un essai remarquable dans lequel elle offre des « idées utiles » en faveur de l’égalité des sexes. « Il importe donc de changer le sort des femmes, et de les sortir du néant où l’opinion les replonge ; je dis même que la réforme d'un peuple doit commencer par elles, et que le législateur n'aura rien fait d'utile et de permanent, s'il ne les rend garants de la constitution nouvelle. » Dans cet ouvrage, elle plaide pour un accès des femmes aux carrières des sciences et des arts. « Il faudrait, écrit-elle, les admettre à concourir avec les hommes aux distinctions et au lucre honorable qu’ils procurent. »
En ce début de XIXe siècle, cette essayiste fréquente les salons parisiens dont celui de Constance de Salm, femme de lettres. Toute sa vie, Fanny Raoul participe activement au débat public. Elle crée ainsi son propre journal, Le Véridique, qui compte 25 numéros publiés entre septembre 1814 et mai 1815. En dialogue avec son lectorat, elle développe ses idées progressistes dans cette publication ouverte sur le monde et la France. « Depuis longtemps, je voulais faire un journal mais le despotisme de l’ancien gouvernement me détournait de suivre mon idée. À quoi bon essayer, disais-je, je serai arrêtée dès les premiers pas, car j’y porterai, comme partout, ma franchise et mon indépendance de caractère. »
Engagée et talentueuse, elle publie notamment une pièce de théâtre, La Tyrannomanie, ainsi qu’un roman épistolaire bouleversant, Flaminie ou les erreurs d’une femme sensible, dans lequel elle met en scène une jeune femme dont la condition sociale – inférieure – lui interdit de se marier avec le jeune homme qu’elle aime et qui la trahit. Ce thème du mariage impossible, alors très en vogue, annonce les romans de l’autrice brestoise Claire de Duras qui paraîtront dans les années 1820.