La petite ville de Guingamp, aux portes de la Basse-Bretagne, a joué un rôle important dans la diffusion de la révolte vers l’ouest de la Bretagne.
Fin mai 1675, comme ailleurs en Bretagne, la nouvelle arrive de Rennes que le roi ne cédera pas sur le front fiscal, et que partout où des troubles surviendront, l’armée sera envoyée. L’émotion est vive, mais la violence rebellionnaire retombe vite, et ne semble pas être aller très loin. La présence à Guingamp du marquis de La Coste, mandaté par le duc de Chaulnes pour veiller au bon déroulement du prélèvement des taxes en Basse-Bretagne, donne à l’affaire guingampaise un relief particulier. Le marquis entend en effet faire respecter l’autorité dont il est dépositaire et veut faire un exemple pour éviter la venue des troupes, afin de prouver le zèle des Bretons au service du roi. Les autorités locales, effrayées à l’idée d’avoir à subir la soldatesque, s’empressent alors d’agir et bientôt, deux femmes et un homme sont arrêtés. Marguerite Le Coat, femme vivant seule et bretonnante, sans doute donc la moins armée des trois prisonniers pour se défendre, est pendue.
L’exemplaire répression guingampaise est autant un message envoyé au roi que les Bretons sont dans l’obéissance malgré quelques soubresauts populaires, qu’un signal adressé aux populations de Basse-Bretagne qui espèrent encore échapper à l’impôt. Quelques jours plus tard, la nouvelle que La Coste arrive du côté de Châteaulin où quelques mouvements antifiscaux ont eu lieu, provoque une émotion à partir de Briec, où s’organise une première chasse aux « gabelleurs ». La révolte des Bonnets rouges a commencé.