Le chantier Scott s’installe dans un pays à forte tradition maritime. La géographie conditionne la mentalité comme le résume à merveille la devise briéronne du temps de la marine à voile : « Libre dans mon marais. Libre dans mon chaland. Libre dans mon île ». Les îles ont une importance considérable dans la géographie briéronne. C’est « l’océan briéron ». On va d’île en île et bien au-delà dans le grand océan. Après le traité d’Union de la Bretagne et de la France (1532), on prétendait que sous le règne d’Henri IV – qui n’avait guère de flotte avant l’arrivée dans son giron de la marine bretonne – on pouvait en vingt-quatre heures lever 800 hommes expérimentés en Brière. Tandis que les femmes élèvent les enfants et entretiennent le feu, charpentiers et marins courent les mers pour faire bouillir la marmite. L’ouverture au monde et l’argent gagné par de ces marins, maris migrants, va permettre d’aménager le marais. Le mari parti sur les sept mers du monde, c’est l’épouse qui devient chef de toute la famille. Cette période faste s’arrête avec la Révolution. Dans les années 1820, les marins briérons se tournent de nouveau vers la mer. Grâce au cabotage, l’aventure maritime briéronne connaît une nouvelle période faste entre 1840 et 1880. En 1865, sur 1 121 marins navigants, 194 naviguent dans la rivière de Nantes, 343 au long cours et 584 au cabotage. La fermeture du chantier Scott annonce le déclin de la marine à voile du Brivet, qui n’a pas connu une accumulation de capital à même de créer de grandes compagnies maritimes.
