La création du chantier Scott annonce la « Petite Californie bretonne », surnom donné à Saint-Nazaire par la presse de l’époque. Dans les années 1860, la ville est prise d’une frénésie démographique et urbanistique. Tout a commencé en 1846 avec le creusement du bassin de Saint-Nazaire où afflue une main-d’œuvre nombreuse. Terrassiers, tailleurs de pierre et carriers arrivent principalement des Côtes-du-Nord et du Morbihan. Le bassin de Saint-Nazaire, qui a nécessité dix ans de travaux, est aujourd’hui l’un des plus vieux monuments de la ville même s’il ne se laisse pas découvrir sous plusieurs mètres d’eau. La ville champignon à l’américaine, jusque dans son plan d’urbanisme, est née du port. Le développement industriel n’est nullement dans les plans des concepteurs de la ville nouvelle. Ils rejettent l’idée même de la création d’un chantier naval à Saint-Nazaire, cette activité étant pour eux logiquement dévolue à Nantes. Vingt ans plus tard, la donne aura changé avec la création d’une ligne transatlantique. Dans les années 1860, Saint-Nazaire est la tête de ligne de la Compagnie générale transatlantique avant de s’effacer devant Le Havre. En 1862, John Scott découvre une vie maritime intense avec un bassin couvert de mats de navires. Pour répondre au développement portuaire, l’ingénieur René Kerviller est chargé après la guerre de 1870 du creusement du bassin de Penhoët. Ce formidable ouvrage portuaire édifié aux abords du site Scott est inauguré en 1881. Il annonce le renouveau de la construction navale nazairienne.