A Nantes, la population réclame comme à Rennes les mêmes avantages que ceux obtenus par Bordeaux peu de temps avant, c'est-à-dire une large défiscalisation.
Les 22 et 23 avril, puis le 3 mai, la ville connaît des troubles qui n’atteignent toutefois pas l’intensité de ceux de Rennes et de Bordeaux, car les autorités ont fait le choix d’éviter le choc brutal avec les révoltés, sacrifiant l’ordre monarchique sur l’autel de la tranquillité sociale.
Cette politique est jugée négativement à la cour. Aussi le marquis de Molac, gouverneur de la ville, est disgracié et Louvois annonce que la ville devra subir la présence de troupes, pour punir la ville et aider la justice à punir les révoltés. Cette perspective pousse les autorités nantaises à sévir dans l’espoir d’empêcher cette venue. C’est ainsi qu’elles font exécuter un individu, et un seul, Goulven Salaun, révolté d’origine modeste et originaire de Châteaulin.
Loin d’être le signe d’une solidarité entre le peuple de Nantes et celui de Cornouaille, l’affaire révèle que les Nantais, peuple compris, n'ont accepté ce supplice destiné à éloigner les troupes que parce qu’il s’agissait d’un individu considéré comme un étranger dans la ville, un immigré mal intégré en somme. Ceci n’empêche pas Nantes de recevoir quelques jours plus tard les soldats, qui restent quelques semaines. S’étant rebellée, la ville ne pourra récupérer le parlement lorsque celui-ci devra quitter Rennes. Mais Salaun restera le seul personnage exécuté à mort sur les bords de la Loire.