Les travailleurs spécialisés se déplacent beaucoup à travers l’Europe et cela depuis longtemps.
Allemands, Belges et Suisses sont présents au sein de l’encadrement des Forges de Trignac dès leur ouverture en 1880. Cette tendance va s’accentuer et se diversifier entre les deux guerres avec vingt-six nationalités représentées. Les registres tenus dans le cadre de la loi sur le contrôle des étrangers mentionnent des travailleurs venus de toute l’Europe mais aussi d’Afrique du Nord, du Mexique, des USA et même de Chine. La présence de Mexicains dans les années 1920 peut s’expliquer par la ligne Saint-Nazaire - Veracruz.
De là naît une société originale composée d’une population ouvrière bretonne (Brière, nord de la Loire-Intérieure et forte proportion du Morbihan et Cornouaille) et d’une population cosmopolite.
Les travailleurs belges, italiens et espagnols sont majoritaires, suivi par les Polonais et les Tchécoslovaques. Les Russes fournissent quelques ingénieurs et techniciens.
Durant plus de cinquante ans, Trignac est intimement lié au pays de Galles par le charbon. Les ouvriers des Forges parlent du « Cardiff » pour désigner le charbon. L’usine sidérurgique possède un navire sur la ligne Saint-Nazaire - Cardiff pour alimenter ses hauts fourneaux. Avec l’influence galloise est né en 1912 le Rugby Club Trignacais.
La relance des Forges en 1939 amène une nouvelle vague de migrants : Belges, Espagnols, Italiens et Polonais, mais en 1942 la plupart des Belges partiront en Tchécoslovaquie.