« J’ai toujours rêvé d’un monde fait d’une route qui n’en finit plus et sur laquelle on est l’éternel voyageur. »
Jeune institutrice laïque, libre et indépendante, Marie Le Franc, (1879, Sarzeau-1964, Saint-Germain-en-Laye), s’installe en 1906 au Canada où elle devient journaliste, enseignante et autrice. Puissante, sensible et sensuelle, son écriture poétique nous immerge dans les paysages. Dans Enfance marine, elle évoque ainsi « […] la ville de Lorient. La délicieuse ville ! Elle n’avait pas de nom. Ce qu’elle fut, d’après ma géographie de ce temps ? Une haie d’aubépine en fleur qui n’en finissait pas […]. » En 1927, l’écrivaine reçoit le Prix Femina pour Grand-Louis L’innocent, récit délicat d’une rencontre amoureuse qui se déploie sur le littoral morbihannais. « La mer et le vent suspendaient leur plainte entrelacée, qui montait de la fosse des ténèbres comme un double gémissement, et dans le silence, quelqu’un respirait. » En prose comme en poésie, Marie Le Franc éprouve le monde avant de l’écrire, fait mémoire de son époque et des territoires qu’elle arpente, de la Gaspésie à Ouessant. Au Canada, un lac des Laurentides porte son nom en hommage à son roman Hélier, fils des bois qui nourrit la mémoire de l’imaginaire nordique québécois et circumpolaire. « […] il regarda la forêt. Et la forêt pénétra son regard, se fondit en lui, l’épousa, le caressa, l’approuva, puis se referma dessus comme une paupière. » Son œuvre résonne singulièrement avec notre époque en quête de lien avec la nature et le monde sensible. Aujourd’hui comme hier, Marie Le Franc est une auteure majeure du matrimoine littéraire : on peut la découvrir à travers son œuvre mais également grâce à une balade littéraire, mise en scène par l’Association Marie Le Franc, entre la presqu’île de Rhuys et le Canada.