Le piéton qui arpente les rues du centre de Rennes remarque la fréquence des niches ornées d’une statue de la Vierge Marie. Certaines niches sont creusées dans les maçonneries, d’autres simplement apposées sur les façades. Un inventaire mené en 2020 dans le centre-ville en dénombre plus d’une centaine. Même si quelques-unes sont plus anciennes, leur présence est souvent liée à l’incendie de 1720. Pourtant, la plupart sont nettement plus récentes et peuvent d’ailleurs abriter des statues de sainte Anne, de saint Joseph, du Sacré-Cœur ou de Jeanne d’Arc. Mais il est révélateur que la plus forte concentration s’observe autour de la place Sainte-Anne et du Haut-des-Lices, soit le quartier qui, en 1720, attribua sa protection à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle. Les niches sont également plus nombreuses sur les marges du brasier : rue Saint-Yves, rue du Vau Saint-Germain, rue Saint-Georges, rue Saint-Melaine. Dans les rues reconstruites, une belle niche marque, au 7 rue de l’Horloge, le point de départ approximatif du feu. Ces modestes témoins attestent d’une mémoire, transmise à travers les générations, associant le souvenir du péril et la demande réitérée de protection, pendant les guerres ou les épidémies. Certaines niches ont disparu, d’autres semblent menacées par la vétusté et l’indifférence mais plusieurs sont discrètement entretenues et rénovées. Par leur nombre et par l’histoire dont elles témoignent, les « niches à Vierge » sont une vraie originalité du patrimoine rennais.
Niches à Vierge
Auteur : Georges Provost / novembre 2020
CITER CET ARTICLE
Auteur : Georges Provost, « Niches à Vierge », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 12/11/2020.
Permalien: https://bcd.bzh/becedia/fr/niches-a-vierge
BIBLIOGRAPHIE :
- Aubert Gauthier, Provost Georges (dir.), Rennes, 1720. L’incendie, Rennes, PUR, 2020 (avec en particulier deux contributions de David Garrioch sur l’incendie proprement dit).
- Charil de Villanfray Michel, Reconstitution de la propriété urbaine après l’incendie de Rennes en 1720, Rennes, Presse de Bretagne, 1923.
- Fillaut Raymond (dir.), Rennes, des combattants du feu aux techniciens du risque, Rennes, Amicale des sapeurs-pompiers de Rennes, 1999.
- Le Boulch Matthieu, Rennes, fabrique et formes de la ville, 1420-1720, thèse de doctorat d’histoire, sous la direction de G. Aubert et P.-Y. Laffont, Université Rennes 2, 2020.
- Leloup Daniel, Rennes. Une capitale en pan-de-bois, Morlaix, Skol Vreizh, 2017.
- Nières Claude, La reconstruction d’une ville au XVIIIe siècle. Rennes 1720-1760. Rennes, Université de Haute-Bretagne, Institut armoricain de recherches historiques, vol. 13, 1972.
- Rioult Jean-Jacques, « Hôtel de ville [de Rennes] » et « Demeures [de Rennes] », in Pérouse de Montclos Jean-Marie (dir.), Bretagne : dictionnaire/guide du patrimoine, Paris Monum-Éditions du patrimoine, 2002, p. 402, 407-409.
- Richer Antoine, Le Grand Incendie. L’incendie de Rennes de 1720, mémoire de master 1 sous la direction de Aubert Gauthier, Université Rennes 2, 2018.
SITOGRAPHIE :
- Sophie Chmura, Images, représentations et patrimoine de Rennes : https://patrimoine2rennes.monsite-orange.fr
- Récit de Jacquelot : https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1909_num_25_2_1327
- Analyse d’un plan de la partie incendiée : https://histoire-image.org/fr/etudes/incendie-rennes
Auteur : Georges Provost
Maître de conférences d'histoire moderne à l'université de Rennes 2. Ses recherches portent sur l'histoire du catholicisme breton sur la longue durée. Il est notamment l'auteur de La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1998.