Aujourd’hui, la chapelle de Locmaria se présente comme un édifice de plan rectangulaire orienté, d’environ 16 mètres par 9,50 mètres avec une nef centrale d’environ 5 mètres de largeur et deux collatéraux. Le mur pignon est supporte le clocher plat à deux baies en plein-cintre. Ce mur pignon est rythmé par 3 voûtes en arc brisé qui reprennent l’organisation interne de la chapelle et prouvent que l’édifice a été en partie tronqué. Ces éléments ont été comblés par des moellons de granit en réemploi (dont un bassin ou bénitier) : leur mise en œuvre est en effet nettement différente du reste de l’édifice. Entre la voûte de la nef et les collatéraux, on distingue encore les bases des piliers soutenant sans doute à l’origine les voûtes du chœur.
Le pignon est de la chapelle. Cliché Victorien Leman, 2017.
Le pignon ouest de la chapelle. Cliché Victorien Leman, 2017.
Une chapelle du XIVe siècle et ses évolutions
La charpente que l’on observe en couvrement de la chapelle de Locmaria pourrait remonter à la seconde moitié du XIVe siècle, puisque nous en conservons des modèles similaires datés d’entre 1340 (Anjou) jusqu’aux environs de 1380-1400 en Bretagne. Cette charpente ne témoignant, au moins dans sa partie visible, d’aucun remaniement d’ampleur, il faut considérer les années 1340-1380 comme la date à partir de laquelle l’édifice actuel est construit. Cette hypothèse entre d’ailleurs en concordance avec la présence de la plate-tombe de Pierre de Broërec, nécessairement postérieure à 1340, date de sa mort. Cette datation est sans doute celle qu’il faut retenir pour la plupart des éléments architecturaux encore visibles. Force est de constater que les voûtes de la nef et son couvrement semblent relativement homogènes, à l’exception du lambrissage du charpentage, sans doute attribuable au XIXe siècle, comme c’est le cas la plupart du temps. La base de tous les piliers, comme les arcs brisés qui les surmontent, présentent des moulurations et des chanfreins tout à fait identiques.
La documentation historique fait état de multiples phases d’abandon. Ainsi, en 1699, l’évêque de Vannes, informé que « la chapelle de Locmaria en Ploemel estoit en ruine » demande à ce que le nécessaire soit fait pour pourvoir à sa réparation. Il n’est pas à exclure que le pignon ouest ait pu être reconstruit à cette époque. C’est en tout cas ce que pourrait suggérer son style architectural, mêlant des éléments de réemplois avec un œil-de-bœuf surmontant le portail. Par ailleurs, s’il est évident, au regard des élévations subsistantes et des sources en notre possession, que le chœur de l’église est détruit au XIXe siècle, le même procès-verbal de 1733 mentionne également une sacristie, dans laquelle le prêtre se rend en passant par la nef. On peut émettre l’hypothèse que celle-ci devait, comme c’est traditionnellement le cas, ouvrir sur le chœur et est détruite au même moment. La période révolutionnaire pourrait correspondre à une nouvelle phase d’abandon de la chapelle, au moins dans sa fonction cultuelle. En 1801-1802, celle-ci est décrite par l’administration comme étant de grande taille, capable d’accueillir 500 personnes, soit autant que l’église paroissiale. De surcroît, il est précisé que les vitres en étaient particulièrement dégradées. Pendant la Révolution, le bâtiment a servi de caserne et de corps de garde. Le chœur, ruiné, est quant à lui détruit entre 1820 et 1825.
Un ancien prieuré hospitalier
L’un des premiers indices de l’existence d’un hôpital à Locmaria est constitué par les matrices du cadastre napoléonien de 1845, qui recensent deux parcelles appelées Liorh En Hospital, c’est-à-dire, le « jardin de l’hôpital », situées immédiatement au sud de la chapelle. Les aveux que rendent les seigneurs de Trévégat de la seigneurie Locmaria auprès de la Chambre des Comptes de Bretagne en 1638 et en 1653 mentionnent une « thenue du Saint-Esprit », qui pourrait en partie correspondre aux parcelles Liorh En Hospital. Par ailleurs, un acte de 1709 indique que le seigneur de Locmaria doit verser une rente en céréales à la commanderie du Saint-Esprit d’Auray.
Charpente du XIVe siècle couvrant la nef de la chapelle et lambris du XIXe siècle. Cliché Victorien Leman, 2017.