Claudie Marcel-Dubois est considérée comme la fondatrice de l’ethnomusicologie de la France. La mission qu’elle mène en 1939 est la première d’une longue série d’enquêtes réalisées, à partir de 1946, avec Maguy Andral. Outre la Bretagne, leurs recherches couvrent l’aire occitane, de la Provence aux Pyrénées ; sans oublier le pays Basque et le Roussillon, en passant par les Landes et le Massif central, le Berry, la Bourgogne, les Vosges, les Flandres, la Normandie. Leur but est de réunir ce qu’elles appellent le « corpus des musiques ethniques » de France pour enrichir les fonds sonores du musée, où ces deux chercheuses du CNRS sont affectées. Il s’agit également de constituer les collections scientifiques de l’ethnomusicologie de la France.
La Bretagne représente pour elles une terre privilégiée jusqu’au milieu des années 1950. On leur doit ainsi des enregistrements, que l’on peut qualifier d’historiques, comme ceux du premier concours des sonneurs de la jeune Bodadeg Ar Sonerion, organisé à l’occasion des fêtes de Cornouailles à Quimper en 1949 ; ceux, réalisés la même année en Brière (Loire-Atlantique) où elles s’intéressent au répertoire chanté des vanniers ; ceux qu’elles rapportent de l’île de Batz trois années de suite, parmi lesquels les chants des Johnnies ; ceux qu’elles font sur la route en allant vers Batz, à savoir, entre autres, des chants de cap-horniers malouins et le répertoire d’un vielleux de Langueux ; ceux du festival de cornemuses de Brest en 1954 ; et enfin ceux, en 1955, du 2e concours de chant de Poullaouen, organisé à l’initiative de Loeiz Ropars. Cet événement constituera leur dernier terrain, probablement parce qu’en 1956, elles font la connaissance de Donatien Laurent, qui deviendra un ethnologue de renom, spécialiste de la littérature orale en Bretagne. Probablement se sentent-elles plus utiles sur les nombreux autres terrains qu’elles ont à étudier, alors que, à cette époque, les chercheurs qui se consacrent à la France ne se comptent même pas sur les doigts d’une seule main.
À partir des années 1970, Claudie Marcel-Dubois et Maguy Andral élargissent leurs recherches aux îles anglo-normandes, Canada, Louisiane, Antilles françaises, île de la Réunion, s’intéressant à l’héritage français et aux phénomènes de métissage culturel. Maguy Andral prend sa retraite en 1987, six ans après son aînée, avec qui elle boucle un dernier carnet de terrain antillais en 1986.