Retour sur la première édition des Journées du patrimoine

Auteur : Erwan Le Gall / septembre 2019

Les Journées du patrimoine naissent en 1984 lorsque Jack Lang, ministre de la culture, instaure une « journée portes ouvertes dans les monuments historiques ». Cet événement est emblématique, au même titre que la Fête de la musique, de la politique de démocratisation culturelle initiée avec l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981. Il s’agit en effet d’ouvrir exceptionnellement les portes des monuments habituellement fermés au public pour que chacun puisse les visiter et, l’espace de quelques heures, se rapprocher de « leur patrimoine ».

A Paris, le succès est immédiat. Ailleurs, le démarrage de ces journées du Patrimoine est manifestement plus poussif et, dans son édition des samedi 22 et dimanche 23 septembre 1984, La Liberté du Morbihan déplore que certains monuments ne jouent pas le jeu et ne se visitent « qu’à heures fixes et contre tickets payants ». Bonne élève, la ville de Pontivy ouvre gratuitement le château des Rohan et permet de visiter dans la foulée l’exposition temporaire « Bretagne et Provence d’autrefois » rassemblant 250 toiles de l’artiste breton Jac d’Or. En ce week-end de septembre 1984, deux autres événements viennent en vérité voler la vedette de ces premières Journées du Patrimoine, tout en permettant rétrospectivement d’expliquer les succès à venir. Dans le nord du Morbihan, l’Université du temps libre présente au 3e étage de l’hôtel de ville une exposition intitulée « Bombes sur Lorient ». Le propos, qui est à rapprocher d’un évident « devoir de mémoire », n’est toutefois pas sans faire penser à une certaine forme de sauvegarde du patrimoine, ce qui dit en définitive combien la notion est ancrée dans les mémoires : « Déclencher des souvenirs afin que les témoins du drame sortent de leurs greniers les documents qui pourraient permettre de renouveler l’approche historique de ces événements ». A Hennebont, toujours dans le Morbihan, c’est le concours régional du cheval breton qui attire « une foule immense et bourdonnante » au haras. Mais là encore, les ingrédients pour les succès à venir sont réunis. Profitant de la gratuité, les spectateurs renouent avec un patrimoine naturel vivant et, ce faisant perpétuent la vieille tradition des foires aux chevaux du passé.

Dix ans plus tard, les Journées du patrimoine sont désormais institutionnalisées et dépassent de loin le simple cadre des bâtiments publics. De nombreux propriétaires privés ouvrent au grand public, l’espace d’un week-end, leurs biens, à l’instar du propriétaire du château de la Guibourgère, édifice situé à Teillé, au nord d’Ancenis, qui reçoit pour l’occasion la visite des caméras de FR3. Le succès est définitivement en marche…

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Auteur : Erwan Le Gall, « Retour sur la première édition des Journées du patrimoine », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 17/09/2019.

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Proposé par : Bretagne Culture Diversité