En 1958, deux jeunes professeurs viennent d’être nommés à la nouvelle Cité scolaire Aristide-Briand de Saint-Nazaire. Gabriel Cohn-Bendit, né à Montrouge en 1936, est professeur d’allemand. André Daniel, né à Étel en 1932, est lui professeur d’histoire-géographie. Tous deux militent au Syndicat national de l’enseignement secondaire (SNES) fondé par d’anciens résistants à l’origine du courant « l’École Émancipée » dont ils font partie. Ce mouvement syndical refuse le découpage corporatiste en unissant, dans la même organisation, enseignants du primaire, secondaire et technique.
André Daniel et Gabriel Cohn-Bendit se sentent très vite prisonniers du système corseté de cette institution lycéenne où le pluralisme n’a pas place. Ils vont être rapidement partie prenante du mouvement diffus de contestation des formes d’enseignement traditionnel qui se développe dans les années 1960. Leurs manières très personnelles de mener une classe vont marquer des générations d’élèves nazairiens.
Les expériences pédagogiques sont encore plus difficiles à mener après 1968 et ce combat permanent face à une hiérarchie très rigide est usant. Avec leurs élèves, André Daniel et Gabriel Cohn-Bendit arrivent néanmoins à monter une pièce de théâtre, véritable satire de l’école : La Planète de sages. Parallèlement, ils s’investissent au sein des luttes socio-culturelles qui fleurissent au cours des années 1970. André Daniel est l’un des animateurs du mouvement anti-nucléaire breton avec la lutte victorieuse à Erdeven, suivie par celles du Pellerin et Plogoff. Il milite alors dans le mouvement breton éphémère Argad Breizh avec son ami Glenmor, et devient l’une des plumes du mensuel Combat Breton. Les années 1970, qu’André Daniel qualifie de « merveilleuses », après la douche froide de l’après Mai 68, débouchent de son propre aveu, « grâce à l’audace et l’obstination de Gabriel Cohn-Bendit », sur le projet d’un lycée d’un genre nouveau, né d’une certaine contestation des Trente Glorieuses, et qui sera présenté en 1981 au nouveau ministre socialiste Alain Savary.