1940-1941, les droites en résistance

Auteur : Emmanuel Couanault / mars 2022

À l’image de la Confrérie Notre-Dame, des réseaux Alliance ou Gilbert, le réseau Johnny témoigne de la diversité politique et sociologique des débuts de la Résistance gaulliste (1940-1941), voire d’un certain gaullisme des origines. « La représentation des couches sociales supérieures et notamment de la bourgeoisie catholique bien-pensante est écrasante » et « contribue à l’image d’une première France libre droitière », note l’historien Jean-Louis Crémieux-Brilhac. Parmi les premiers agents recrutés, entrepreneurs et professions libérales se distinguent nettement : usiniers de la conserverie ou de soude (Auguste Gantier, Louis et Odette Lomenec’h, Henri Péron), électricité automobile (Louis et Marguerite Chavaroc), médecin (Antoine Vourc’h), ou encore pharmacien (Jean Lavalou). Outre les couvertures, ces professions procurent des réseaux, des informateurs, mais aussi des moyens de circulation (voitures, laisser-passer en zone côtière). Si ses fondateurs ne sont pas aussi marqués que Gilbert Renault (le colonel Rémy) ou Marie-Madeleine Fourcade, c’est bien une petite bourgeoisie, plutôt de droite, qui en constitue le noyau initial.

-Antoine Vourc’h, médecin à Plomodiern, père de neuf enfants, fournit le premier accueil logistique. Il ne fait pas de différence entre les Allemands et Vichy et, malgré sa foi catholique, il n’est pas impressionné par les cadeaux de l’État français à l’Église.

-Hervé Nader, hôtelier à Concarneau, est recruté par le réseau au début de l’été 1941 (« Johnny 41 ») alors qu’il vient d’être nommé maire de Concarneau par les autorités de Vichy en mars 1941. Élu député de la droite nationaliste aux législatives de 1936, un temps proche des Croix de feu, il a voté les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940. Sa charge de maire lui procure une couverture permettant de fournir des informations, papiers et documents administratifs.

-À Brest, l’ingénieur général Hubert, grand pourvoyeur de renseignements sur l’activité de l’arsenal, passe pourtant, selon Jean Le Roux, « pour être un fervent vichyssois et collaborateur ».

L’étude d’ensemble du réseau confirme ces exemples et participe à la réévaluation des dynamiques politiques à l’œuvre dans la Résistance.

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Auteur : Emmanuel Couanault, « 1940-1941, les droites en résistance », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 9/03/2022.

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