Bembro

Auteur : Frédéric Morvan / décembre 2016

Les chroniqueurs français Jean Le Bel et Jehan Froissart l’ont identifié comme un mercenaire allemand du nom de Brandebourg, nom francisé de la ville de Brandenburg, au sud de Berlin. Pour Henry Raymond Brush, il s’agit d’un Anglais originaire, comme Robert Knolles et Hugh Calveley, de la région du Cheshire, au nord-ouest de l’Angleterre. Son nom dériverait du village de Bromborough. Il est très probable que l’on aurait eu de plus amples informations sur ce personnage, comme pour Knolles et Calveley – sans aucun doute les plus fameux chevaliers anglais de cette première partie de la guerre de Cent Ans –, s’il n’avait pas été tué lors du combat. Ses capacités militaires lui avaient valu d’être nommé capitaine d’une place forte anglo-montfortiste essentielle.

Froissart, qui avait interrogé longuement un ancien combattant du duel, Even Charruel, fait de Bembro comme de Beaumanoir des représentants de la chevalerie, combattants pour l’honneur et la gloire. Une ballade populaire de l’époque, La Bataille de trente Anglois et de trente Bretons, décrit Bembro comme le chef d’une bande de brigands étrangers pillant les populations locales et Beaumanoir comme le défenseur héroïque du peuple. Cette vision fut reprise par l’historien breton de la fin du XVe siècle Pierre Le Baud, dans son Histoire des Bretons. Pour lui Bembro n’est qu’un soldat animé par le désir malsain de venger la mort du chef anglais Thomas Dagworth – dont le neveu Nicolas Dagworth est présent au duel. Pour Arthur de La Borderie, à la fin du xixe siècle, la garnison de Ploërmel se distingua par sa cruauté, sa rapacité, sa férocité. Bembro fut tué par Keranrais et Du Bois à cause de son arrogance. Il aurait osé faire prisonnier le très noble Beaumanoir.

Sir Arthur Conan Doyle, dans son roman Sir Nigel, le voit comme un vieux soldat, un robuste Northumbrien, arrivant au combat animé d’un pur esprit chevaleresque. Il aurait été tué car sa visière ne se serait pas correctement fermée. Pour l’auteur, il serait originaire de Bramburgh, sur la frontière entre l’Écosse et l’Angleterre, une région où s’installèrent trois cents ans auparavant, lors de la conquête normande, de nombreux Bretons, région où l’on trouve le comté de Richmond appartenant en 1352 au prétendant au trône de Bretagne, Jean de Montfort.

CITER CET ARTICLE

Auteur : Frédéric Morvan , « Bembro », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 5/12/2016.

Permalien: http://bcd.bzh/becedia/fr/bembro

Proposé par : Bretagne Culture Diversité