Durant l’intégralité de sa carrière, Jean Robic entretient des relations tumultueuses avec l’équipe de France. Craignant l’irascibilité du Breton, cette dernière ne lui ouvre la porte qu’à deux reprises durant toute sa carrière. Vexé, « Biquet » multiplie les déclarations acerbes à l’égard de la sélection hexagonale. En 1950, à quelques jours du départ du Tour de France, il déclare avoir concocté un « plan » pour battre « l’équipe dite tricolore ». C’est ainsi qu’il prétend, selon le célèbre journaliste Georges Briquet, avoir refusé la sélection au motif qu’il n’y avait pas assez de Bretons « là-dedans ». Pourtant, le courroux de « Roquet » n’épargne pas les coureurs de la péninsule armoricaine. Le premier à en subir les conséquences n’est autre que Pierre Cogan, l’un de ses anciens mentors. La rivalité entre les deux hommes date certainement de l’été 1946, lors du Monaco-Paris, quand Pierre Cogan accepte de se soumettre au plan « anti-Robic » de l’équipe de France plutôt que de privilégier la solidarité régionale. Son amertume persiste durant de longues années, surtout que « Biquet » se retrouve en concurrence directe avec l’infatigable coureur alréen pour obtenir la place de leader au sein de l’équipe de l’Ouest. La tension entre les deux hommes atteint son apogée en 1950 quand Jean Robic conditionne sa participation au sein de l’équipe régionale à la non-sélection de Pierre Cogan… Ce dernier se rabat alors sur l’équipe Centre-Sud-Ouest et obtient son meilleur classement, cinq places devant le coureur de Radenac.
Mais cette rivalité n’est rien comparée à celle qui oppose Jean Robic au principal rival de sa carrière : Louison Bobet. Là encore, le contentieux est ancien. « Biquet » n’accepte pas de voir Louison Bobet lui être préféré en équipe de France. Et du reste, tout semble les opposer. Alors que Bobet soigne minutieusement son hygiène de vie, Robic fume volontiers le cigare et commande du champagne, le soir, dans son hôtel, à la plus grande stupéfaction de ses équipiers. Alors que le premier séduit par son style, le second est raillé pour son physique. Alors que l’un exprime publiquement ses émotions, l’autre n’a de cesse de vouloir affirmer sa virilité. Bien plus, aux yeux du public, Louison Bobet incarne la modernité (préparation physique, présence médiatique, déplacement en avion privé…) quand Jean Robic représente le France d’antan. La rivalité prend ainsi une tournure médiatique, parfois malsaine. « Biquet » se moque ouvertement de son rival en multipliant les quolibets à son encontre tels que « la pleureuse », « Louisette Bonbon » ou « Bobette ». Ce faisant, Jean Robic estimait s’attaquer à un « Breton de l’extérieur », lui qui se considérait, à l’inverse, comme un « Breton authentique ».