« Emsav » est la désignation courante du mouvement breton dans toute sa diversité. C’est un terme utilisé surtout par ceux qui s’en réclament. Il englobe à leurs yeux l’ensemble des individus et groupes engagés pour l’émancipation culturelle, socioéconomique et politique de la Bretagne. C’est un mot breton qui signifie « soulèvement », « révolte ». Il n’est pas et n’a jamais été uni, intégrant des personnes d’opinions très différentes.
Traditionnellement, on distingue trois emsav. Le premier émerge au XIXe siècle et dure jusqu’à la Première Guerre mondiale. Son année de naissance pourrait être 1843, avec la création de l’Association bretonne. Globalement, le premier emsav était régionaliste, conservateur et chrétien.
Le deuxième emsav existe de l’entre-deux-guerres jusqu’en 1945. Il se caractérise par son côté moderniste, aussi bien au niveau de la langue, avec des revues telles que Gwalarn, que de la politique, avec l’émergence d’un nationalisme politique affirmé. Il se décrédibilisera au cours de la Seconde Guerre mondiale, du fait de la collaboration de nombre de ses animateurs avec le régime de Vichy, voire avec l’Allemagne nazie.
Le troisième emsav commence à partir de 1945. Il travaille à effacer les stigmates de la Collaboration. Il se focalise sur le culturel, avec l’émergence des bagadoù et des cercles celtiques, et sur le socioéconomique, avec le CELIB. Il prendra aussi une dimension politique à partir de la fin des années 1950, avec le MOB d’abord, puis l’UDB.
Si cette distinction en trois périodes est pratique, reconnaissons avec Michel Nicolas que l’emsav se caractérise aussi bien par des invariants et des divisions internes (entre « régionalistes » et « nationalistes », entre culturel et politique, entre droite et gauche, etc.) que par des ruptures chronologiques. De plus, depuis l’inflexion des années 1960-1970, avec l’ancrage à gauche de la majorité du mouvement breton et son intégration plus solide dans la société régionale, ne faudrait-il pas parler d’un quatrième emsav ?