Dès 1792, des ruraux s’opposent à la levée de volontaires, annonçant celle des 300 000 hommes l’année suivante. Autour de Craon, Château-Gontier et Laval, les incidents sont de plus en plus graves. D’après Roger Dupuy, c’est en octobre 1793 qu’apparaît pour la première fois le mot « chouan », du côté de l’Ille-et-Vilaine. Il désigne alors une bande d’insurgés de « quinze brigands de la petite Vendée, à la tête desquels sont les chouans frères » (Archives départementales d’I. &V.). En réalité, ce sont quatre frères, les Cottereau de Saint-Ouen-les-Toits, originaires d’une famille de petits bordiers mayennais. Ils se seraient déjà distingués comme faux-sauniers à la veille de la Révolution et y auraient acquis une expérience guerrière. Parmi eux, Jean Chouan est le principal chef, dont la forêt de Misedon constitue le quartier-général.
Le terme de « chouan » rappelle aussi l’appel du chat-huant (une chouette) qui résonne dans la nuit, à l’image de ces combattants, préférant les attaques nocturnes pour mieux surprendre leurs adversaires. Peu à peu, le terme « chouan » s’applique au mouvement de guérilla du nord de la Loire, appelé la « chouannerie », qui prend le relai de la guerre de Vendée à partir du printemps 1794. Cette première chouannerie, essentiellement localisée autour des forêts de Mayenne, d’Ille-et-Vilaine et de l’ouest de la Sarthe, se concentre sur des coups de main, des assassinats, dont le but est de semer la terreur parmi les patriotes restés sur place.
Tout comme les combattants vendéens, la plupart des chouans connaissent un sort tragique. La famille Cottereau, par exemple, est décimée : Jean Chouan tombe dans une embuscade en juillet 1794, l’un de ses frères est guillotiné, un autre est blessé à mort, deux de ses sœurs sont fusillées comme espionnes, tandis que sa mère a été tuée au Mans, lors de la Virée de galerne.