Julia Le Gallo, née en 1921, est vannière à Camors (Morbihan). Elle a repris l’activité de sa mère Marie-Louise. Dans le Vannetais, on fabrique de grandes corbeilles rondes à partir de matériaux prélevés en forêt. Les montants sont coupés à la bonne longueur, arqués et taillés en pointe, puis enfoncés dans un bouton, constitué d’un brin entortillé, placé en haut du « moule », gabarit qui tient les montants pendant la fabrication. Le vannier tresse simplement la clôture en passant des brins un à un, derrière puis devant les montants. Les montants sont faits de châtaignier, ou d’autres bois comme le houx. Les brins de fond sont en tiges de bourdaine brute, et les flancs en bourdaine grattée. Les objets produits sont connus sous différents noms : sklissen, sklisse, ou clisse (à l’est du Vannetais). Certains les appellent golo.
Bien que l’atelier de Julia soit situé dans la forêt, il lui faut parcourir de longues distances pour se ravitailler. « Je faisais 4 à 5 km avec mes cousines, jusqu’à la gare de Baud, et on revenait avec le fagot de bois sur la tête. On avait mal souvent à la tête. Un fagot ! Il faut compter 7 à 8 kg. »
Julia appelle huern (ou gwern) une lande humide. C’est dans ce milieu que se plaît la bourdaine. Dans sa jeunesse, Julia, accompagnée de sa sœur, de cousines ou bien de sa tante, s’approvisionnait tous les deux jours, la bourdaine se travaillant mieux fraîche. Elles y allaient l’après-midi, le matin étant réservé à la fabrication. À cause de la peur des serpents, l’été, elles préféraient récolter la bourdaine sur des talus en bordure de route. « L’hiver, on n’est pas gêné par les fougères. Cependant, c’est plus humide et l’on peut s’enfoncer, mais il n’y a pas de serpents en cette saison. »