Des sources franques principalement
Nos principales sources sont les Annales franques, Annales de Fontenelle, Annales de Saint-Bertin, Annales d’Aquitaine. Il faut ajouter la Chronique d’Aquitaine, la Chronique de Reginon de Prüm, bien renseignée sur les affaires bretonnes mais contenant quelques erreurs chronologiques. On ajoutera bien sûr le cartulaire de Redon et les Gesta de saints de Redon.
Une opportunité à saisir pour Charles le Chauve
La mort de Nominoë, le 7 mars 851 selon les Annales d’Angoulême, fut une heureuse surprise pour Charles le Chauve. Disparaissait un des hommes les plus redoutables pour son autorité de jeune souverain. Le roi de la Francia Occidentalis sentit que l’occasion était idéale pour rétablir enfin son autorité sur la Bretagne. Après s’être concerté avec ses deux frères Lothaire et Louis en mai à Meersen, Charles arriva en Anjou au début du mois de juillet. C’est sans doute dans la vallée du Loir autour de Lézigné qu’eut lieu la concentration de l’ost. La présence de nombreux biens du fisc en Anjou fut utile pour entretenir l’armée franque. Il est possible aussi qu’il n’ait pas voulu trop s’éloigner du Maine où il disposait d’appuis solides.
Le temps joue contre Charles le Chauve
Après avoir regroupé ses forces le roi franc attendit un mois et demi pour livrer bataille. Cette longue attente (risquée car l’obligation de l’ost ne dépassait pas 40 jours) ne peut s’expliquer que par les inquiétudes de Charles le Chauve. Il avait certainement appris qu’Erispoë avait établi son autorité sans difficultés et que Lambert, ancien comte de Nantes, avait fait alliance avec lui. Si son frère Louis lui envoya un contingent de combattants saxons, il semble n’avoir reçu aucune aide militaire de son frère aîné Lothaire dont l’attitude se révélait trouble. Certainement Charles le Chauve espérait-il qu’Erispoë viendrait l’attaquer en Anjou. Mais celui-ci, prudent, resta en position d’attente au nord-est du Vannetais. Le temps pressant, il fallut s’avancer vers l’ouest au milieu du mois d’août et l’armée franque s’approcha probablement par la voie d’Angers à Carhaix, ou un chemin proche repéré récemment par la prospection, la route par la Loire et Nantes étant risquée en raison de l’alliance d’Erispoë avec Lambert. Elle se trouva face aux troupes bretonnes installées près du Grand-Fougeray. Erispoë avait eu tout le temps nécessaire pour préparer la bataille. Il disposait donc de l’avantage.
Une cavalerie bretonne redoutable
La naissance d’un royaume breton
Cette victoire fut importante même si les Francs pouvaient envisager une autre expédition. Mais Charles le Chauve, occupé sur d’autres fronts, était obligé de régler la question bretonne au plus vite. Il négocia donc aussitôt avec le chef breton. Moyennant un engagement vassalique, Erispoë se vit reconnaître maître du regnum breton. Il reçut les comtés de Rennes et de Nantes ainsi que la vicaria de Retz. En clair, Erispoë acceptait d’entrer dans le système politique carolingien dans le cadre d’un royaume subordonné. C’était beaucoup mieux que le missaticum de Nominoë mais ce n’était pas l’indépendance complète. Erispoë dut s’engager à faire appliquer dans son regnum la législation carolingienne, à commencer par la législation religieuse. Quelques années plus tard un mariage devait encore renforcer le lien personnel entre le souverain franc et le chef breton.