Le contrôle de la mer et du littoral constitue un des axes de la politique militaire menée par Philippe le Bel. Alors que les conflits se multiplient, d’abord contre l’Angleterre, ensuite contre la Flandre, il comprend la nécessité de se doter d’une flotte armée en guerre. Il prend notamment la décision de faire bâtir à Rouen le Clos des galées, qui constitue le premier arsenal royal à partir de 1292.
Dès lors, la Bretagne doit occuper une place à part entière dans son dispositif. En 1296, le roi capétien mande le vicomte d’Avranches pour y mener une enquête, en particulier le long des côtes de la Manche. Or, en 1295, dans un contexte de guerre contre l’Angleterre, un mémoire adressé à Philippe IV l’informe sur les moyens d’équiper une flotte et de se procurer une armée navale pour descendre en Angleterre. Il y est fait mention de bateaux stationnés à Rouen, à La Rochelle, à La Réole, à Bordeaux, mais pas en Bretagne. Cette enquête du vicomte d’Avranches avait donc peut-être comme objectif, parmi d’autres, d’effectuer un tour d’horizon des possibilités offertes par les principaux ports de la côte nord de la Bretagne.
Le roi de France intervient désormais directement auprès du roi d’Angleterre afin de défendre des intérêts bretons. Le 6 mai 1310, il s'adresse à Edouard II afin que les Malouins soient dédommagés des torts à eux causés par les Bayonnais, alors sujets du roi d'Angleterre. En 1313, il relaie les plaintes des moines et habitants de Belle-Île, victimes de pillages de la part de pirates anglais. Dès lors, la mer et les littoraux deviennent un enjeu de souveraineté entre le roi de France et le duc de Bretagne.