La Station biologique de Roscoff, un haut lieu de la recherche marine bretonne et française au rayonnement international

Auteur : Kévin Charles / avril 2021

En 1868, Henri de Lacaze-Duthiers, Professeur de zoologie à la Faculté des sciences de Paris, vient s’installer pour un été à Roscoff. Ce naturaliste, appréciant particulièrement l’excursion maritime, trouve sur place un terrain idéal pour ses travaux. Il y revient à l’été 1869, avec un collègue, puis en 1870, avec des élèves. « Deux années de suite, en 1868 et 1869, je suis allé passer une partie de la belle saison pour faire des recherches dans cette localité », écrit-il, « l’une des plus riches que je connaisse sur nos côtes. J’y reviendrai encore, car mon intention est de la faire connaître et de la prendre comme type de la faune maritime des côtes de France, pour laquelle j’ai déjà recueilli de nombreux et de précieux matériaux. »

En 1872, Lacaze-Duthiers est nommé directeur d’un laboratoire de zoologie expérimentale de l’École pratique des Hautes études (3e section) et vient s’installer à Roscoff à l’hôtel : le laboratoire qui deviendra la « Station Biologique » est né. De 1881 à 1891, le laboratoire se transforme progressivement en véritable station de zoologie marine, dotée de salles de travail et d’un aquarium éclairés à l’électricité, une condition indispensable. En 1906, la station se dote de ses premières embarcations motorisées, qui permettent une certaine autonomie dans les recherches, et un rayon d’action accru.

La station est aujourd’hui l’un des principaux lieux de la recherche marine en Bretagne. Rattachée à Sorbonne Université et à l’Institut national des sciences de l’univers du CNRS, elle est aujourd’hui reconnue pour son activité et sa production scientifique de niveau international en biologie et écologie marines. Le but de ses recherches est de mieux appréhender la biodiversité, l’évolution de la vie, le fonctionnement des écosystèmes et organismes marins ainsi que leur adaptation aux changements globaux. Les méthodes les plus récentes en biologie moléculaire et cellulaire y sont déployées, dans une démarche reliée aux sciences de l’environnement, à la chimie et aux mathématiques. Les modèles expérimentaux mobilisés sont basés par exemple sur des bactéries, des végétaux (micro-algues, macro-algues rouges et brunes) ou encore des invertébrés tels la cione, la crépidule, les vers, les oursins, et des vertébrés comme la lamproie ou la roussette.

L’ancrage territorial de la station constitue une volonté affichée. Il s’est traduit particulièrement par des essaimages (création d’entreprises par des chercheurs), dont ManRos Therapeutics (recherches sur des traitements contre les cancers et autres maladies à partir de protéines des étoiles de mer et des oursins) et Hemarina (recherches sur la préservation des greffons pour les transplantations d’organes à partir de l’hémoglobine du ver marin). Dans la même perspective, un projet de parc d’innovation situé à proximité de la station, la « Blue Valley », doit permettre d’accueillir des entreprises et de développer et animer la filière des bio-ressources et des biotechnologies marines.

CITER CET ARTICLE

Auteur : Kévin Charles, « La Station biologique de Roscoff, un haut lieu de la recherche marine bretonne et française au rayonnement international », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 27/04/2021.

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Proposé par : Bretagne Culture Diversité