Le symbole d’une identité régionale fidèle à l’État central

Auteur : Laurence Moal / septembre 2019

Du Guesclin tire parti d’un intérêt nouveau pour les héros hostiles aux Anglais. Surtout, il incarne une Bretagne idéale mise en avant par les royalistes, avant et après la Révolution, puis par les républicains sous la IIIe République.

Dans l’historiographie monarchiste, le Moyen Âge évoque la communion entre le peuple et le souverain pour la défense de la liberté et de la Chrétienté. Le Breton bénéficie d’un regain de faveur au XVIIe siècle par les bons services du cardinal de Richelieu, soucieux d’exalter les grands serviteurs de la royauté, et de Hay Du Châtelet, auteur d’une biographie en 1666. Dès cette époque, il est associé à Jeanne d’Arc et à Bayard. Sous la Restauration, le vaillant chevalier se battant pour la Couronne renvoie à la période glorieuse de la monarchie française. Le contexte correspond aussi à l’essor de la bretonnité. Les Bretons s’intéressent à leur passé, ce qui les conduit à glorifier quelques figures emblématiques. Plusieurs villes bretonnes réclament leur statue du guerrier breton, une manière d’afficher leur fidélité à la dynastie des Bourbons.

Après la défaite contre la Prusse en 1870, le nouveau régime républicain a besoin de symboles réconciliateurs. On élabore un récit où se mêlent histoire et légende, union nationale et affirmation partisane. Le Moyen Âge offre alors de grandes figures patriotiques, proposées en modèles aux Français. Cela permet de façonner une mémoire collective capable de transcender les particularismes régionaux et les clivages politiques ou religieux. L’amour de la petite patrie doit nourrir celui de la grande nation et le « bon Breton » reprend du service. On voit se constituer l’imagerie que les manuels scolaires font connaître à tous les petits Français : l’enfance batailleuse à la campagne, la prophétie de la religieuse, le tournoi de Rennes, Brocéliande, etc. C’est aussi l’époque de nouvelles statues monumentales, comme à Dinan.

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Auteur : Laurence Moal, « Le symbole d’une identité régionale fidèle à l’État central », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 3/09/2019.

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Proposé par : Bretagne Culture Diversité