le Trégor finistérien, petit territoire, grande histoire

Près de deux siècles et demi après la mise en place des divisions administratives par l’Assemblée constituante, il est fréquent en Bretagne que les nouvelles subdivisions n’aient pas effacé certaines divisions traditionnelles largement  millénaires. Le Trégor, ancien diocèse de Tréguier, est dans ce cas, avec ses quatre capitales historiques Tréguier, Lannion, Morlaix et Guingamp, dont aucune n’est devenue une grande ville.

Il est vrai que l’unité de ce territoire vient de loin, avec la forte empreinte de la civilisation mégalithique autour du grand cairn de Barnenez, le plus grand et le plus ancien d’Europe. Avec l’empreinte omniprésente de l’âge du bronze et même de l’âge du fer, où la prospérité demeure spectaculaire, nourrie du commerce maritime atlantique et transmanche. Avec la marque spécifique des migrations bretonnes et de échanges qui accentuent les similitudes entre les deux côtés de la Manche.

Du point de vue patrimonial, on peut regretter la scission d’une entité géographique très homogène, le Pougastel, lors de la délimitation des départements en 1790. Ce territoire a une origine ecclésiastique, l’archidiaconé du Pougastel (le pays du château mais quel château ?) compris entre les rivières du Queffleuth à l’ouest et du Léguer à l’Est,  la mer au Nord et les monts d’Arrée au Sud, mais correspond à une civilisation commune. Aujourd’hui la limite départementale coupe le même pays en deux sans le séparer, tant les similitudes et les liens demeurent importants.

Homogène dans la langue chantante, le costume, le caractère accueillant, honnête et moqueur de ses habitants.  Mais aussi dans son paysage bocager, le mode de faire valoir de ses exploitations agricoles (le domaine congéable avec un usage particulier), le nombre très important de fermes issues des petits manoirs dont les seigneurs partageaient leurs activités entre la défense des côtes, le commerce et la justice (les robins).

La culture du lin, très présente, était destinée plus à l’usage local qu’à l’exportation.

Homogène dans l’architecture de ses bâtiments. L’exemple le plus marquant est le modèle et le style Beaumanoir qui se développent presque  essentiellement sur ce territoire autour de 1500. Les enclos paroissiaux y débordent aussi du Léon tout proche où on les recherche habituellement.

La principale conséquence est l’étude parfois tronquée et partielle de cette partie du Trégor, avec ses archives dispersées à Quimper, Brest et Saint-Brieuc.

En parcourant les siècles et les lieux, de la Montagne à la Manche et en écoutant les témoignages des habitants, on découvre un « pays » à échelle humaine d’une extrême diversité de paysages où chaque commune cache des richesses et des pans d’histoire à découvrir. Et un présent fait de rebonds malgré la situation périphérique.

• Coproduction : Bretagne Culture Diversité/ LTW/TV-Trégor
• Film écrit par Jean-Jacques Monnier et Olivier Caillebot.
• Réalisation : Loic Chapron, 2023
• Durée : 1 heure 04