Le tremplin de Robic

Auteur : Yves-Marie Evanno / mars 2021

En 1947, le premier Tour de France de l’après-guerre livre une course aussi passionnante qu’incertaine. Héros malheureux de l’édition 1934, René Vietto caracole en tête du classement général depuis le deuxième jour. À l’issue de la dernière étape de montagne, il dispose encore d’une solide avance au classement général. Mais, alors que le Tour semble joué, le directeur sportif de l’équipe de l’Ouest, Pierre Cloarec, assure aux journalistes, circonspects, que « le Tour n’est pas fini ». Ses hommes, particulièrement en vue depuis Paris, ont un plan pour leur leader Jean Robic. Cinquième du classement général, ce dernier pointe pourtant à plus de 8 minutes de René Vietto et à environ 7 minutes de son dauphin, le Franco-Italien Pierre Brambilla. Qu’importe, l’arrogant Breton clame lui aussi aux journalistes qu’il compte aller chercher le maillot jaune sur le « terrain difficile » que les coureurs emprunteront lors de l’étape entre Vannes et Saint-Brieuc.

Originaire de Radenac, à moins de 30 kilomètres de Mûr-de-Bretagne, « Biquet » sait en effet de quoi il parle. Avec ses équipiers Pierre Cogan et Jean-Marie Goasmat, tous les trois originaires du Morbihan, ils savent parfaitement comment aborder ce contre-la-montre de 139 kilomètres qui reprend, dans les grandes lignes, le parcours (inverse) de Manche-Océan qu’ils connaissent sur le bout des doigts. Inutile donc de reconnaître le tracé pour Jean Robic qui profite de l’ultime journée de repos avec ses proches, à Radenac. Le lendemain, motivé et porté par la foule, le Breton ne commet aucune erreur dans sa gestion du Menez-Hiez. Il achève l’étape en deuxième position, derrière le Belge Raymond Impanis. Comme annoncé quelques jours plus tôt, il relègue René Vietto à plus de 10 minutes. S’il ne prend pas le maillot jaune, désormais sur les épaules de Pierre Brambilla, Jean Robic est convaincu que rien ne peut désormais lui résister. Deux jours plus tard, entre Caen et Paris, Biquet rallume la mèche pour rattraper les trois dernières minutes qu’il lui manque et remporte l’unique Tour de France de sa carrière.

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Auteur : Yves-Marie Evanno, « Le tremplin de Robic », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 24/03/2021.

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