Les Bretons sur le front d’Orient

Auteur : Gwendal Piégais / avril 2020

Les Bretons ne sont proportionnellement pas plus présents en Orient que d’autres compatriotes métropolitains: aucun régiment caserné en Bretagne n’est envoyé dans son entier en Macédoine. En revanche, la recomposition d’unités ayant essuyé des pertes sur ce théâtre instaure progressivement une mixité régionale dans plusieurs unités. Ainsi, le soldat goulvinois Jean-Marie Bodennec sert au 47e régiment d’artillerie en Champagne jusqu’à ce qu’il soit versé au 242e régiment d’artillerie, le 1er avril 1917. Cette affectation le mène sur le front de Macédoine, aux Armées alliées en Orient. Il en va de même d’autres poilus bretons qui servent dans les 1er, 34e, 37e, 54e ou encore 56e régiments d’infanterie coloniale. On pourrait également citer l’exemple de Frédéric Perquis

C’est sur un théâtre hostile que combattent ces Bretons, par exemple sur les monts Bana et Pelister, des cimes dépassant les 2 000 mètres, ou bien dans des zones marécageuses et lacustres propices à la malaria. Le froid pour les uns, la maladie pour les autres, viennent rapidement mettre à bas tous les doux rêves d’Orient de bien des soldats.

Les conditions de combat, la rareté des permissions, les problèmes de ravitaillement et de suivi de la correspondance ne font qu’entretenir la grogne dans les rangs, ce dès 1917. L’insoumission se manifeste au printemps 1919, dans les troupes françaises maintenues sous les drapeaux en Hongrie, en Bulgarie et en Ukraine malgré les armistices de 1918.

De même, les vaisseaux de la Marine française dont le France, le Jean Bart ou encore le Guichen, où servent de nombreux Bretons, sont aux prises avec des mutineries. Les marins se rassemblent autour des slogans « À Toulon ! ». La promesse du retour dans les rades françaises ramène le calme. Mais l’agitation s’étend malgré tout aux arsenaux de Toulon, Lorient, Brest et Cherbourg. On parvient à contenir le mécontentement en améliorant les conditions matérielles dans la flotte. L’épisode au demeurant anecdotique n’en montre pas moins l’étroite connexion des ports bretons, avec des théâtres qui n’ont de lointain que l’apparence.

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Auteur : Gwendal Piégais, « Les Bretons sur le front d’Orient », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 30/04/2020.

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