Dès la fin du Moyen Âge, les souverains accordent à des armateurs privés un droit de représailles contre les navires d’un pays ennemis. Puis ces armateurs obtiennent des « lettres de marque » officielles les autorisant à capturer ou rançonner les bateaux battant pavillon d’un État ennemi – et tout particulièrement les bateaux marchands –, en échange d’une part des prises. C’est cette action légale et régulée qui les distingue des pirates.
La guerre de course émerge au XIVe siècle, atteint son apogée au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, avant de connaître un déclin progressif au XVIIIe siècle et disparaître au début du XIXe siècle. Pendant ces cinq siècles d’existence, la plupart des ports bretons abritent des corsaires, avec des traditions particulièrement solides à Nantes (Jacques Cassard), Morlaix (les Coëtanlem, à la fin du XVe siècle) et surtout Saint-Malo. Entre 1688 et 1713, au plus fort du phénomène, Saint-Malo arme plus de 900 navires de course.
Parmi les grandes figures corsaires bretonnes, mentionnons René Duguay-Trouin (1673-1736) et Robert Charles Surcouf (1773-1827). Duguay-Trouin s’illustre notamment par l’expédition qui s’empare de Rio en 1711 et capture plusieurs tonnes d’or. Surcouf s’affirme pendant la Révolution et l’Empire, dirigeant six grandes expéditions corsaires au cours desquelles il capture 47 navires, essentiellement britanniques.
Les cibles changent en fonction de la période : anglais et français à la fin du Moyen Âge, huguenots pendant les guerres de la Ligue, britanniques aux XVIIe et XVIIIe siècles…
La guerre de course peut être perçue comme une stratégie économique alternative pour les armateurs et marins, qui réorientent ainsi leur activité maritime fortement perturbée voire rendue impossible par les conflits. Elle a eu un rôle économique essentiel pour un port comme Saint-Malo.