Le charbon gallois offre une formidable opportunité au développement du cabotage breton, dans le sillage de la révolution industrielle. Un monde maritime dynamique va générer toute une flotte de voiliers caboteurs surnommés « les écraseurs de crabes ». Ces navires profitent de la marée pour venir s’amarrer au cœur des multiples petits ports du littoral breton.
La forte tradition maritime de la côte nord entre Roscoff et Binic met à profit, à partir des années 1840, sa proximité du sud de la Grande-Bretagne pour développer des échanges réguliers. Les petits ports de la côte sud bretonne ne sont pas en reste, avec une pépinière de marins et armateurs, particulièrement fournie de Pornic à Auray mais aussi en Cornouaille maritime, avec une multitude de petits abris. Les ports de fonds de rivière comme Quimper, Vannes et Redon tirent aussi leur épingle du jeu. Poteaux de mines, primeurs, céréales et sel de Guérande constituent l’essentiel du fret de ces navires qui vont charger du charbon dans les ports du Sud gallois.
Dans cet écosystème à l’esprit mutualiste, les navires sont souvent la propriété de plusieurs actionnaires : artisans et commerçants liés au monde maritime. Les risques financiers sont importants et les associés ne sont pas à l’abri d’une « fortune de mer ». La concurrence des grands cargos à vapeur, de plus en plus gros, va progressivement remplacer ces voiliers à partir des années 1890, même si une flotte encore conséquente survit jusqu’aux années 1930.