Les noms en « -ac » et la ligne Loth

Auteur : Philippe Lanoë / novembre 2016

La question des toponymes en « -ac » est liée à l’histoire linguistique de la Bretagne. Jusqu’au XIXe siècle, il est admis que le breton est une survivance de la langue gauloise.

En 1847, Th. Hersart de La Villemarqué plaide pour la fusion entre les populations gauloise et bretonne, aux langues proches, avec une domination numérique des Bretons.

Vision accentuée par Arthur de La Borderie, qui défend la thèse d’une Armorique quasi dépeuplée, tandis que pour Joseph Loth, les Armoricains encore bien présents sont entièrement romanisés mais submergés par des Bretons conquérants.

Loth s’appuie sur un argument phonétique pour établir la ligne la plus orientale de cette extension bretonne qu’il place au IXe siècle : la limite des noms en « -ac ».

Ces noms terminés par le suffixe « -ac » sont aussi bien des noms de communes que de lieux-dits et se rencontrent principalement dans une moitié centrale de la Bretagne.

Selon J. Loth, les noms terminés par le suffixe « -ac » sont gallo-romains mais la conservation de cette finale s’explique par l’influence de la langue bretonne dans la zone où ils subsistent, tandis que ces noms évoluent vers -é, -ay ou -y dans les régions de langue romane plus à l’est. Ex. : Vitriacum en 987, forme la plus ancienne connue pour Vitré.

Ce qui lui permet de tracer une ligne en forme de « S » allant de Roz-sur-Couesnon à Donges.

En 1951 François Falc’hun défend à nouveau la thèse d’une persistance du gaulois en Armorique et voit dans les noms en « -ac » une survivance du gaulois qui a aussi influencé le parler vannetais. Bernard Tanguy, en 1973, conclut que cette limite des noms en « -ac » marque non pas l’extension maximale du breton mais le recul de la langue gauloise.

La situation linguistique est sans doute beaucoup plus complexe et ne peut se résoudre à ces visions monolithiques. Le gaulois a pu survivre dans l’intérieur, loin des centres urbains et des grands axes de circulation. Le gallo, même dans la partie de la Haute-Bretagne où est censé se conserver le gaulois, ne conserve pas plus de mots d’origine gauloise, voire moins, que dans d’autres régions de l’Ouest roman comme le Haut-Maine (Mayenne actuelle) par exemple.

 

 

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Auteur : Philippe Lanoë, « Les noms en « -ac » et la ligne Loth », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 18/11/2016.

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Proposé par : Bretagne Culture Diversité