Philosophes et économistes, les physiocrates constituent un mouvement de pensée qui se développe au milieu du XVIIIe siècle à l’initiative notamment de François Quesnay (1694-1774). Ils considèrent que l’État ne doit pas intervenir dans la sphère économique et estiment que « toute richesse vient de la terre ». L’agriculture serait la seule activité productive. Ils défendent donc le développement agricole et la liberté du commerce des grains. Ces idées ont rapidement l’oreille de l’État royal qui, à partir des années 1760, multiplie les mémoires sur la mise en valeur des terres ou la conservation des grains. En Bretagne, les élites sont gagnées par ces idées et, en 1757, les États de la province fondent la Société d’agriculture, du commerce et des arts de Bretagne, la première du genre. Durant une quinzaine d’années, sous l’impulsion de son secrétaire général, l’avocat rennais Gabriel Abeille, elle publie des recueils et divers mémoires abordant la question de la préparation des sols, des systèmes de culture ou encore de l’outillage. Plus largement, elle cherche à promouvoir le perfectionnement des cultures et encourage les progrès d’une agriculture bretonne jugée archaïque et moribonde. Pour les membres de la Société, cette amélioration de l’agriculture passe par un enrichissement en engrais des sols pauvres de la province. Pour atteindre cet objectif, ils recommandent la création de prairies artificielles et la culture de plantes fourragères comme le trèfle. Des graines de cette plante encore largement inconnue sont d’ailleurs expédiées gratuitement dans les paroisses bretonnes. Les expérimentations sont aussi menées par les membres de la société. Ainsi, M. de La Chalotais se lance avec succès dans la culture du turnep (navet), quand d’autres se mettent à défricher des terres et à dessécher des marais. Mais en dépit d’une activité dynamique au début des années 1760 et la publication d’un Corps d’Observation, l’activité de la société d’agriculture décline rapidement. Si une partie des élites s’intéresse à la modernisation de l’agriculture bretonne, les détenteurs de capitaux investissent leur argent dans des domaines jugés plus rentables.
Les Physiocrates
Auteur : Sklaerenn Scuiller / janvier 2020
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Auteur : Sklaerenn Scuiller, « Les Physiocrates », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 6/01/2020.
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Auteur : Sklaerenn Scuiller
Docteure en histoire moderne, Sklaerenn Scuiller est chercheuse associée au laboratoire Tempora – EA 7468.