Les rituels du bain

Auteur : François de Beaulieu / avril 2018

Aux yeux des hygiénistes du XIXe siècle, le bain devait être encadré de façon stricte pour des raisons d’efficacité, de sécurité et de bienséance. Mais le rituel complexe qui était proposé ne cessa pas d’évoluer et n’empêcha pas des comportements moins orthodoxes.

L’essentiel est d’exposer le baigneur « à la lame » pendant quelques brèves minutes tout au plus. La cabine à roulettes permet de descendre directement dans l’eau en grande partie à l’abri des regards même si on porte un costume de bain dissimulant la quasi-totalité du corps. Il est recommandé d’enchaîner avec un bain de pieds chaud, ce pourquoi des chaudières et des tonneaux à roulettes circulent sur la plage.

En 1879 cependant, André Theuriet enregistre déjà des évolutions à Dinard : « L’heure du bain approche. Les cabines roulantes apportent leur contingent de baigneurs et de baigneuses. De temps en temps, une petite porte s’ouvre ; une dame ou un monsieur apparaît en costume de natation, et s’arrête sur le seuil comme une poule qui sort du poulailler et secoue ses plumes avant de descendre. Chacun semble étudier sa pose, au moment de franchir, sous les yeux de la galerie, l’espace vide qui sépare les cabines de la mer. Détail à noter : les hommes font plus de façons que les femmes pour affronter les regards des curieux. L’un d’eux, déjà chauve, mûr, grisonnant et orné d’un pince-nez, passe lentement, drapé à l’espagnole dans un peignoir de laine blanche, qu’il laisse tomber à ses pieds avec un geste de théâtre. Les femmes, les bras croisés sur la poitrine, la tête baissée, courent vers la vague avec un léger balancement des hanches. »

 

CITER CET ARTICLE

Auteur : François de Beaulieu, « Les rituels du bain », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 5/04/2018.

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Proposé par : Bretagne Culture Diversité