Un lien avec les cartographies préhistoriques
La géographie technique et lexicale de la vannerie armoricaine coïncide avec des zones culturelles anciennes. La carte présentée ci-après illustre cette hypothèse en s’appuyant sur l’exemple de la vannerie à montants en lames de bois, croisés et courbés, disposés en hémiméridien. Cette technique de vannerie est pratiquée dans le nord de la Haute-Bretagne, dans un espace qui se superpose aux anciennes cités gallo-romaines coriosolites et redones. Il est remarquable que la représentation cartographique des variantes des noms vernaculaires actuels (source enquête ALBRAM) désignant spécifiquement ces objets correspondent à ces territoires gaulois. Ce type de corbeille est appelée carbasson-calbasson-cabasson dans un espace qui se superpose avec la majeure partie de la civitates gallo-romaine redones et le long de la Vilaine, voie de communication contrôlée par cette cité. Le groupe géolinguistique bine-binelle-bino occupe le nord-ouest du secteur attribué aux Coriosolites, et le groupe lexical cage-caïge-cache, le sud et l’est. Le long de la Manche, d’autres formes lexicales sont utilisées dans des espaces très réduits : canaiche-canoche, potte ou rondaiche. Les corbeilles de ce groupe ne sont jamais mentionnées au-dehors des proches limites des civitates redones et coriosolites.
Cette technique de vannerie est vraisemblablement la vannerie native des Redones et des Coriosolites, et montre la proximité culturelle entre ces deux espaces. Les noms locaux des paniers peuvent être rapprochés de termes celtes désignant des objets tressés et sont probablement hérités des communautés gauloises. L’exemple présenté sur cette page n’est pas unique. La cartographie des autres techniques de tressage et des noms associés montre également la permanence et l’ancienneté du patrimoine vannier en Bretagne sur l’ensemble de l’espace armoricain.