Comme d’autres aveugles, dès l’enfance Mathurin Furic – né en 1789 à Quimperlé – fait de la musique son gagne-pain. Le Publicateur des Côtes-du-Nord du 23 juin 1838 écrit que, outre le « hautbois », « il joue très agréablement de la flûte, de la clarinette, du basson, du violon, du flageolet et du serpent. Ce dernier mot nous fait ressouvenir qu’il siffle aussi très bien. » C’est toutefois grâce à la bombarde qu’il vit de son art. En 1815, il est déjà réputé. Il joue alors en couple avec le sonneur de biniou Yann ar Chapel (Jean Pondré à l’état-civil), de Locunolé. Les deux compères sonneront ensemble une trentaine d’années.
Sonnant en pleine période romantique, ce musicien du monde paysan est encensé par les premiers folkloristes. Déjà symbole d’une identité bretonne – telle que la souhaitent les élites ! –, il joue en 1858 devant Napoléon III. Pour les organisateurs de fête, inviter Matilin an Dall, c’est le succès assuré… Mais il se fait payer cher ! « Sa réputation n’est pas usurpée, peut-on lire dans le même article de 1838 ; il a fait mille fois ses preuves en plein vent […] Les sons pleins, hardis et toujours justes qu’il tire [de sa bombarde] annoncent un musicien de naissance qui a travaillé constamment à son art avec goût et passion, et qui en connaît parfaitement les ressources. » Le « prince des joueurs de hautbois de la Bretagne », comme le nomme le même journaliste, rejoint le paradis des sonneurs en 1859. Une salle lui est consacrée au musée de Quimperlé.
Des chants et des airs célèbrent sa mémoire. Le plus connu étant celui composé vers 1850 par l’abbé Jean Quéré, qui fut vicaire de Riec (pays d’origine de la famille Furic) :
Ar bombarder laouen
A lak an dud da zañsal
Diwar va barriken
Le joyeux sonneur de bombarde
Qui fait danser les gens
Sur une barrique