Les corbeilles rondes, utilisées pour faire lever la pâte à pain, sont fabriquées par l’enroulement en spirale d’un seul montant formé d’un cordon lié avec de l’écorce de ronce. Le cordon est composé de paille de céréales, de canche ou de carex. Des ruches sont aussi fabriquées avec cette technique.
Ce type de vannerie est ancien et connaît de nombreuses variantes dans le monde. En Bretagne, le nom de la corbeille utilisée pour faire lever la pâte à pain s’associe à des territoires précis, hérités d’espaces culturels anciens. Elle est ainsi appelée en Basse-Bretagne koloenn (du breton kolo, la paille), en Haute-Bretagne, au nord, binette, bino, binôche, etc., et au sud, dans le Nantais, jœde, jède, jette, jado… En Vannetais, pays de Guérande et de Retz, elle est aussi appelée runche, runchot, parfois bourriche. Enfin, cette corbeille est une barrûche dans la partie est de l’Ille-et-Vilaine contiguë au Maine.
Des fabricants spécialisés enroulent plutôt une longue natte qu’un cordon, pour fabriquer des sabots faits de paille de seigle dit boutoù plouz, ou encore un collier de cheval en laîche dit gwakol blouz en Basse-Bretagne et parone ou paronière en Haute-Bretagne.
La vannerie à montants courbés disposés en hémiméridien
La vannerie à montants courbés disposés en hémiméridien, propre à la Bretagne, est probablement un type natif.
En Basse-Bretagne
Un premier groupe technique, pratiqué en Basse-Bretagne, présente des montants concentriques en forme d’arcs rampants. Les casiers à crustacés en forme de cloche — en breton kawell mor — pourraient être l’archétype de ce premier groupe. L’une des principales caractéristiques en est l’utilisation de gabarits circulaires, appelés « moules ». Ils comprennent des trous ou des encoches permettant de tenir les montants pendant la fabrication. Dans le Vannetais, on fabrique une grande corbeille appelée sklissen. Le sous-groupe de vannerie vannetaise se reconnaît par un nombre impair de montants, rayonnant à partir d’un bouton de bois entortillé. Le mode d’arrêt est caractéristique : les montants sont renversés et piqués le long d’un montant voisin. La vannerie du sud de la Cornouaille présente aussi un nombre impair de montants mais se distingue par un mode d’arrêt à montants pliés puis enchevêtrés. C’est avec cette technique qu’est fabriqué le baskodenn, panier en forme de goutte utilisé autrefois pour décharger les sardines. Dans le reste de la Basse-Bretagne, les montants sont souvent en nombre pair et les clôtures des paniers tressées à trois brins comme en Haute-Bretagne. Les corbeilles rondes sont appelés kostinell en Haute-Cornouaille ou bouteg dans le Léon.
En Haute-Bretagne
Un second groupe technique est constitué de vanneries présentant des montants croisés en lames de châtaignier. La clôture est tressée de tiges de bourdaine. Il s’agit habituellement de corbeilles rondes qui sont appelées bine dans les pays de Saint-Brieuc et de Loudéac, caïge dans le pays de Dinan, le Méné et Porhoët, rondaïche en Penthièvre, enfin carbasson, calbasson dans le pays de Rennes et dans la vallée de la Vilaine. Ce groupe occupe donc le nord de la Haute-Bretagne. Toutefois, plus au sud, le village briéron de Mayun confectionne aussi une variante en bois plus affiné.
La vannerie à montants courbés disposés en méridien
La vannerie à montants passifs courbés disposés en méridien est aussi appelée « vannerie sur côtes » ou « vannerie bâtie sur arceaux ». Le tressage est réalisé sur une monture préalablement construite à partir de montants courbés en arc. Une première forme comprend des arceaux qui sont fixés près de l’anse ou pour les corbeilles au niveau des passe-doigts. Les grandes corbeilles sont appelées resses, reusses, restes, hottes, hottons, balles, bannes, bennes. Cette vannerie rencontre la frange nord-est de la Haute-Bretagne. Elle est réalisée par des artisans spécialisés tels ceux de Rannée en Ille-et-Vilaine. Cette activité est liée notamment au ramassage des pommes pour la fabrication du cidre dans les Marches de Bretagne (paniers à pommes et resses) ou à la pêche côtière dans la baie du Mont-Saint-Michel (paniers à poissons, hottes à crevettes).
Une seconde forme comporte des arceaux secondaires, fixés le long des arceaux principaux. Elle est fréquente au sud-est de la Bretagne (paniers à châtaignes, à anguilles…) et en Penthièvre (paniers à maquereaux, hottes…). La fabrication est occasionnelle et répond aux besoins de la famille.
La vannerie en lames de châtaignier
Dans les marais de Vilaine, le châtaignier débité en lames permet la fabrication de la bosselle des marais de Vilaine, un engin pour pêcher l’anguille, en forme de L. Dans le port de Cancale, jusqu’au milieu du xxe siècle, les manniers fabriquaient en lame de châtaignier des mannes à fond rond ou à fond carré très robustes.
La vannerie « industrielle » en brins d’osier
La vannerie se pratique aussi à un échelon industriel, c’est-à-dire inséré dans l’économie de marché. Même à ce stade, la vannerie ne nécessite en général que peu d’outils et les ateliers bretons sont de taille limitée. Il faut distinguer la vannerie d’osier brut de celle d’osier blanc. La première est consacrée à la production de corbeilles de récolte (mannequins ou manikinoù en breton) ou de contenants pour l’expédition des produits de la terre (malouins à pommes de terre) et de la mer (paniers à huîtres). Elle s’est développée dans les zones maraîchères du littoral nord et dans la vallée de la Loire. La seconde est une vannerie destinée à toutes les industries et aux besoins domestiques. Elle est produite principalement dans la région nantaise. Ainsi, jusqu’au milieu du xxe siècle, il y avait des ateliers important à Saint-Étienne-de-Mer-Morte. Les ports du Sud-Finistère comptent aussi de nombreux ateliers utilisant à la fois l’osier brut et l’osier blanc pour répondre aux différents besoins des pêcheurs, ostréiculteurs, mareyeurs et des conserveries. Notons que les basses vallées de la Loire ont été un lieu majeur de production de l’osier en France.