Olivier Mordrelle

Auteur : Sébastien Carney / février 2019

Né à Paris en 1901, Olivier Mordrelle est le fils d’un officier de la Coloniale et d’une mère d’origine corse. Il est étudiant en architecture quand à 18 ans il découvre le Groupe régionaliste breton, dans lequel il rencontre Morvan Marchal qui l’influence considérablement, et Breiz Atao, dont il ne tarde pas à devenir une plume majeure, sous divers pseudonymes, dont Olier Mordrel. En 1925, il fonde la revue littéraire Gwalarn avec Roparz Hemon.

Avide d’expériences politiques, il prône d’abord le panceltisme, puis le fédéralisme européen. Sensible aux idées de jeunes révolutionnaires marginaux de Paris, il fréquente Philippe Lamour et la pensée des non-conformistes du temps, avant de s’intéresser au nazisme, qu’il tâche d’insuffler à Breiz Atao en 1933 avec le programme SAGA (Strollad ar Gelted adsavet – Parti des Celtes relevés). Fondée en 1934, Stur lui permet ensuite d’introduire en Bretagne les principales idées de la Révolution conservatrice et du nordisme allemands, et de théoriser un racisme breton. Ce durcissement politique peut être une façon de faire face aux difficultés de son cabinet d’architecte qui, du fait de défauts de gestion et de son activisme intransigeant, périclite malgré quelques réalisations notoires (la maison Kodak et le garage Renault à Quimper, la maison carrée à Landerneau). Mais c’est aussi une façon de se rapprocher de l’Allemagne nazie dont il attend une aide dans la création d’un État breton indépendant. Mordrel a des connections outre-Rhin, et lorsque la guerre éclate, il se réfugie à Berlin d’où il fait de la propagande antifrançaise, ce qui lui vaut d’être condamné à mort par contumace.

À l'été 1940 il  revient en Bretagne et tente de relancer le PNB et de prouver à l'Allemagne sa capacité à organiser une Bretagne indépendante. Le jugeant trop remuant, l’Occupant l’écarte de la présidence du parti au profit de Raymond Delaporte, et l’envoie en Allemagne. De retour en Bretagne en 1941 il relance Stur. Isolé dans le mouvement breton, il est agent du SD, fait du marché noir avec la SS, et envisage désormais le salut de la Bretagne et de la France dans l’Europe nouvelle prônée par le Reich.

En août 1944, il se réfugie en Allemagne et intègre le comité de Jacques Doriot avant de partir vers l’Italie pour échapper aux Alliés. Fait prisonnier par les Britanniques, il s’évade et retrouve sa famille à Rome, où il trouve refuge dans un couvent. En 1948, grâce à divers appuis religieux, il part en Argentine où, échappant à une nouvelle condamnation à mort par contumace, il se place comme dessinateur, ouvre une boutique de souvenirs, puis un hôtel, tout en écrivant, notamment pour La Bretagne réelle.

En 1972 il s’installe en Bretagne où il écrit ses mémoires, tente de se refaire une place dans le nationalisme breton et se rapproche de la Nouvelle Droite. Il meurt en 1985.

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Auteur : Sébastien Carney, « Olivier Mordrelle », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 11/02/2019.

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