Simone et Marie Alizon, de Rennes à Auschwitz

Auteur : Emmanuel Couanault / mars 2022

En octobre 1941, Robert Alaterre, chef du réseau Johnny, doit se replier précipitamment à Rennes et y trouve un nouveau PC près de la gare, « le petit hôtel d’Arvor où l’on n’aime pas trop les Boches ». L’établissement, modeste, est tenu par la famille Alizon, et en particulier les deux filles, Marie, 20 ans, et Simone (Poupette), 16 ans. Rapidement, Marie accepte d’accueillir et d’aider le réseau. Aux premières arrestations décisives de février 1942 à Quimper suivent celles de Rennes le mois suivant. Marie Alizon est arrêtée le 13 mars 1942 et Simone, courrier du réseau, le 17. Aux mains de la Gestapo, elles sont incarcérées à la Santé puis à Fresnes, isolées et séparées. Huit mois plus tard, en octobre 1942, elles se retrouvent au camp d’internement du fort de Romainville. Là, elles sont regroupées avec celles qui, dix semaines plus tard, formeront le convoi dit « des 31 000 », un transport de déportation dénommé ainsi d’après les numéros de matricules attribués à l’arrivée à Auschwitz. Plus de la moitié des déportées de ce transport de 230 femmes est communiste. Simone Alizon expliquera plus tard, dans ses mémoires : « Nous eûmes la surprise de constater que ces femmes étaient réunies par des liens idéologiques très forts et l’on sentait une cohésion peu commune […]. L’ambiance était étrange, faite de malheurs accumulés et d’un idéal puissant. Un bon nombre de ces femmes étaient des scientifiques et des intellectuelles de haut niveau, ayant une foi inébranlable dans leur idéal. » Parmi elles, Charlotte Delbo, Danièle Casanova, Marie-Claire Vogel (Vaillant-Couturier), Hélène Solomon. Le 24 janvier 1943, les 230 femmes formant le convoi sont déportées à Auschwitz. Début août, elles ne sont plus que 57. Marie Alizon meurt du typhus à Birkenau le 3 juin 1943. Simone est transférée à Ravensbrück, Beendorf, puis à Neuengamme où elle est libérée le 3 mai 1945. Rentrée à Rennes, elle épouse Jean Le Roux, fondateur du réseau. Elle est homologuée sous-lieutenante de la France combattante et reçoit la Légion d’honneur en 1966. Le retour de déportation est difficile : « Auschwitz a toujours raison » rappelle-t-elle. Simone Alizon trouve refuge dans la poésie et l’écriture. Elle est décédée en juillet 2013.

CITER CET ARTICLE

Auteur : Emmanuel Couanault, « Simone et Marie Alizon, de Rennes à Auschwitz », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 9/03/2022.

Permalien: http://bcd.bzh/becedia/fr/simone-et-marie-alizon-de-rennes-a-auschwitz

Proposé par : Bretagne Culture Diversité