Taldir Jaffrennou, pionnier de l’interceltisme

Auteur : Erwan Chartier / mars 2022

Né en 1879, François Jaffrennou, dit « Taldir », « front d’acier », a vécu près de quarante ans à Carhaix dont il a marqué la vie culturelle et politique. Il connaît en effet la notoriété très jeune. Entre sa vingtième et sa vingt-quatrième année, il écrit et publie sept recueils de poésie en breton. Il devient un véritable phénomène littéraire, encensé par Anatole Le Braz, Charles Le Goffic ou Joseph Loth pour le caractère novateur de son œuvre. On le surnomme alors le « Mistral breton ». Il est l’auteur des paroles du « Bro gozh ma zadoù » (« Le vieux pays de nos pères »), adaptation de « Hen Wlad fy Nhadau », l’hymne gallois. Le « Bro Gozh » est déclaré hymne breton en 1903 par l’Union régionaliste bretonne. En 1899, François Jaffrennou fait partie d’une délégation de Bretons qui se rendent au grand festival culturel gallois, l’Eisteddfod. Cette rencontre marque le renouveau des relations interceltiques dont Taldir sera l’un des acteurs importants en Bretagne. L’année suivante, il fait partie des créateurs du Gorsed des druides de petite Bretagne, à Guingamp, placé sous la tutelle du grand druide du pays de Galles. Dans les années 1930, Taldir devient d’ailleurs le troisième grand druide de ce Gorsed.

Journaliste et écrivain

Taldir fut aussi journaliste et fondateur de plusieurs revues. Entre 1904 et 1914, il dirige ainsi l’hebdomadaire Ar Bobl, ce qui lui permet d’avoir un fort impact sur la politique locale du Poher. Il fonde aussi le mensuel An Oaled (1928-1939). En 1913, François Jaffrennou soutient une thèse de doctorat sur Prosper Roux. Dirigée par Georges Dottin, il s’agit de la première thèse universitaire à avoir été rédigée en breton. Après la guerre, il écrit essentiellement en français, dont deux ouvrages consacrés à l’histoire de sa ville, où il a fondé et animé le syndicat d’initiative : Histoire anecdotique de Carhaix, en 1924, et Carhaisiens célèbres, en 1940. Pendant la Seconde guerre mondiale, il soutient le régime de Vichy dans lequel il voit une possibilité d’obtenir un statut particulier pour la Bretagne. À partir de 1942, il siège au Comité consultatif de Bretagne mis en place par le régime pétainiste. Arrêté à la Libération, son attitude pendant la guerre lui vaudra d’être condamné, le 6 août 1945, à cinq ans de prison et à cinq ans d’indignité nationale et à la confiscation d’un quart de ses biens. Libéré en 1946, il est frappé d’une interdiction de séjour en Bretagne qui sera levée par le président Vincent Auriol. Il meurt à Bergerac en 1947, sans avoir revu Carhaix où il est enterré.

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Auteur : Erwan Chartier, « Taldir Jaffrennou, pionnier de l’interceltisme », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 2/03/2022.

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