Mobilisé en 1914 et blessé dans l’infanterie, ce Tourangeau cultivé, né en 1889, poursuit la guerre comme aviateur de combat : il en garde quatre blessures, cinq citations, la Légion d’honneur et le grade de capitaine. André Dezarrois se réoriente ensuite vers l’édition d’art et les musées. Il relance une revue artistique, assiste le conservateur du musée de l’Orangerie puis dirige le tout nouveau musée du Jeu de Paume, qui ouvre en 1922. Par la suite, il tente de sauver des œuvres abstraites menacées d’autodafé par les nazis en les exposant à Paris sous le thème « art international indépendant ».
Déjà membre de l’Union régionaliste bretonne (URB) et du Gorsedd (1938 et 1939) et s’étant initié à la pratique de la langue bretonne, il se plonge dans les activités culturelles bretonnes et rejoint le Bleun-Brug. Très attaché à Saint-Malo, où il a acquis une maison, il copréside la Société d’histoire et d’archéologie et se lie d’amitié avec le peintre Jean-Julien Lemordant, mais également Yves Hémar, James Bouillé, Xavier de Langlais et René-Yves Creston, tous quatre membres des Seiz Breur. André Dezarrois facilite la réalisation du pavillon breton (« Ty Breiz ») de l’Exposition universelle (Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne) de Paris en 1937.
En septembre 1939, la guerre le conduit à rejoindre à nouveau l’armée. Il négocie la participation de l’allié britannique, mais la défaite conduit à sa mise à l’écart par le régime de Vichy. Il rejoint aussitôt le réseau de Résistance d’un groupe d’officiers qui vont constituer l’Organisation civile et militaire. En 1941, il participe à la création de l’Institut celtique, où il retrouve à la fois les militants culturels bretons et le musicologue Georges Henri Rivière, qui dirige alors le Musée national des arts et traditions populaires. En 1942, il est nommé au Comité consultatif de Bretagne pour en modérer les revendications, qu’il partage totalement sur le plan culturel. En juin 1944, arrêté dans son château familial de Touraine par des soldats allemands, il s’enfuit et revient en Bretagne à vélo, avec les documents de son groupe de résistants. Il devient alors officier de liaison de l’armée du général Patton.
Après la Libération, André Dezarrois se présente au commissaire de la République Victor Le Gorgeu afin de lui demander le maintien des avancées culturelles pour la Bretagne. Il se fait aussitôt incarcérer au camp Margueritte à Rennes, à l’instar de nombreux militants culturels ou politiques bretons, suspectés à tort ou à raison de collaboration. Libéré quelques semaines plus tard, il est fait commandeur de la Légion d’honneur et reçoit la médaille de combattant volontaire de la Résistance. Il va être réintégré dans ses fonctions dans les musées nationaux. Ce grand bourgeois fut aussi un grand amoureux de la Bretagne et de sa culture, aussi bien traditionnelle que modernisée, et un opposant résolu à tous les totalitarismes.
