Lancement en 1995
En 1995, une assemblée constituante réunit une trentaine d’acteurs économiques dont Jean-Claude Simon (Groupe Even), Jean-Marie Le Gall (Savéol), Jean-Yves Chalm (Télégramme). Cette « entreprise associative » entend promouvoir un développement territorial durable et milite pour « l’emploi en Bretagne ». La marque produit en Bretagne se dote rapidement d’un logo, avec un phare et une péninsule stylisée. Il est apposé sur les produits sélectionnés (plus de quatre mille en 2014) et va très vite acquérir une certaine notoriété. En 1995 sont lancés les premiers collèges de Produit en Bretagne : celui des biens de consommation courante et celui des distributeurs. Dès son origine, Produit en Bretagne a en effet réussi un étonnant rapprochement entre le monde de l’agroalimentaire breton et la grande distribution, situation assez unique lorsqu’on connaît les traditions de négociations difficiles entre ces ensembles.
Economie et culture
Rapidement d’autres collèges vont s’organiser autour des banques – la Bretagne conservant un réseau de banques mutualistes investies dans le développement local – et des entreprises de services. Plus original, un collège Culture et création est lancé en ambitionnant d’être un pont entre les milieux culturels et artistiques et le monde de l’économie. Mais son activité semble réduite depuis quelques années. Le collège langue bretonne est quant à lui à l’origine de différentes opérations de promotion du breton comme langue sociale au sein des entreprises.
Réseau de trois cents entreprises
Dans les années 2000, Produit en Bretagne a commencé à fonctionner en réseau, permettant singulièrement et dans un intérêt bien compris, à de nombreux acteurs économiques de rencontrer une certaine revendication régionaliste. Un véritable régionalisme économique, porté par quelques grands patrons bretons comme Patrick Le Lay ou Alain Glon, s’est récemment affirmé en Bretagne. Présidée depuis 2009 par Jakez Bernard, producteur de disques, l’association Produit en Bretagne a également appelé à la mobilisation sur des questions politiques comme l’écotaxe en 2013. Elle se distingue également par une communication « dynamique » avec des slogans comme « l’emploi militant » ou l’emploi du gwenn-ha-du.
Il est vrai que la marque au phare jaune pèse en termes économiques. En 2014, Produit en Bretagne rassemble plus de trois cents entreprises sur les cinq départements bretons. Elles emploient plus de cent mille salariés. Elle dispose d’un taux de notoriété de 96 % en Bretagne et de 49 % en Île-de-France où Produit en Bretagne a régulièrement lancé des campagnes promotionnelles assez innovantes. Réel succès marketing, la marque met en valeur des produits conçus en Bretagne, la chose faisant l’objet d’inspection rigoureuses. Volontiers affichés, les critères sociaux semblent pour leur part beaucoup moins contrôlés.
Faculté à travailler ensemble
Dans l’esprit du CELIB, souvent convoqué par ses dirigeants, Produit en Bretagne illustre donc l’émergence d’une certaine conscience bretonne chez les acteurs économiques régionaux. Une conscience collective et une capacité à travailler ensemble que l’on ne rencontre en tout cas guère dans d’autres régions françaises.