Kerlann (Jean Delalande) et Armand Keravel se sont rencontrés à l’école primaire supérieure – l’équivalent du collège actuel – à Brest, dans les années 1920, et sont tous deux devenus instituteurs publics militant au sein d’Ar Falz. Fondé en 1933, ce mouvement avait pour but de promouvoir et de développer l’enseignement du breton à l’école publique.
Carte postale illustrée d'un portrait de Yann Sohier. Source : Collections du Musée de Bretagne. Numéro d'inventaire : 2001.0001.12
À la suite de la mort de son fondateur Yann Sohier en 1935, Kerlann et Keravel ont continué de s’investir fortement dans le mouvement : Kerlann en prend la direction jusqu’en 1939. Pendant la guerre, Kerlann milite au Parti national breton (PNB) et contribue à L’heure bretonne. Bien qu’ayant été membre du Parti autonomiste breton et impliqué dans le mouvement Ar brezoneg er skol de Yann Fouéré, Keravel, en revanche, se met en retrait du mouvement breton et de la collaboration. Ar Falz est, dès lors, mis en sommeil le temps de la guerre, même si la correspondance entre les deux hommes montre bien que le souci de mobiliser des instituteurs favorables à l’enseignement du breton reste très présent.
La fin 1940 et le début 1941 marquent, pour tous les deux, une période de difficultés avec leur hiérarchie en raison de leurs activités militantes. Keravel et son épouse se retrouvent mutés d’office à Landéda pour raisons disciplinaires, et on annonce à Kerlann une mutation dans la Nièvre en mars 1941. Il refuse, sera finalement nommé à Cléden-Cap-Sizun à partir de la rentrée scolaire 1941 et démissionnera un an plus tard dans le contexte de la création de l’école en langue bretonne de Plestin.
La figure de Yann Sohier plane au-dessus de nombre des lettres, que Keravel et Kerlann, malgré leurs divergences nombreuses pendant la guerre, continuent d’échanger, notamment sur les questions pédagogiques et d’enseignement du breton. C’est Keravel qui relancera Ar Falz après 1945.