L’âge du fer en Bretagne

Auteur : Yves Menez / mai 2017
Le fer apparaît en Europe occidentale au cours du VIIIe siècle avant notre ère. Il devient progressivement un matériau sans concurrence et entraîne, par l’amélioration de l’outillage, de profondes modifications dans la société.

Un métal plus performant, pour les armes et les outils

Les premières traces de la production du fer en Bretagne ont été reconnues entre -750 et -400. Cette période est marquée dans l’ouest de la France par l’enfouissement de nombreux dépôts de haches à douille en bronze. Ces objets étaient inutilisables comme outils. Il peut s’agir d’offrandes ou d’objets monétaires fabriqués pour faciliter le stockage de richesses ou les échanges.

Dépôt de haches à douille fouillé par Éric Nicolas sur le site de La Porte Allain à Trégueux - photo Yves Menez Inrap

Des fermes créées pour durer

Cette période est également marquée par la construction d’habitats constitués d’un ou plusieurs enclos, délimités par des talus bordés de fossés ou des palissades, abritant une maison et quelques annexes, notamment des souterrains, ainsi que quelques parcelles dédiées aux cultures et au bétail. Ces sites participent d’un premier mouvement de fondation d’exploitations agricoles familiales, durant les VIe et Ve siècles avant notre ère. À l’inverse des exploitations antérieures, abandonnées lorsque les terres étaient épuisées, elles prennent possession d’un terroir et se chargent de le mettre en valeur, à l’aide de nouvelles pratiques culturales, souvent durant plusieurs siècles.

Les nécropoles familiales

Stèle gravée de Kermaria (Pont-L’Abbé, 29) en forme de pyramide, à base et à sommet arrondis, dont les quatre faces portent des sculptures. D’après le compte-rendu de sa découverte fait par Pierre Du Chatelier le 30 avril 1895 (BSAF, 1898)
À proximité immédiate de ces fermes ont été découverts des cimetières familiaux regroupant le plus souvent moins d’une trentaine de sépultures. Des stèles y ont été retrouvées, parfois gravées de frises aux motifs géométriques similaires aux splendides décors estampés sur de nombreuses céramiques et sur quelques objets en métal.

Vers la fin du Ve siècle, d’importants bouleversements affectent ces nécropoles. La plupart sont abandonnées. Certains habitats sont désertés. D’autres perdurent, malgré l’abandon de leur nécropole. Cette stagnation, voire ce recul dans la mise en culture des campagnes par les exploitations familiales, correspond à une période où le climat, plus froid et plus humide, est moins favorable aux récoltes.

Des exploitations agricoles par milliers

Au cours des trois derniers siècles avant notre ère, on observe un nouvel essor de mise en culture, dans le cadre d’une amélioration progressive du climat. Les anciennes exploitations sont restaurées et notablement étendues ; de nouvelles sont fondées, par milliers. Les prospections aériennes et les fouilles ont montré que, dans les terroirs les plus favorables, la densité de ces exploitations vers la fin du IIe siècle atteint celle des fermes actuelles. Elles fonctionnent désormais dans le cadre d’un système d’échanges développé, où l’acheminement des marchandises vers les marchés est assuré par un réseau de chemins et de voies empierrées.

Naissance des agglomérations

Dès le IIIe siècle avant notre ère, certaines exploitations agricoles prennent une allure monumentale, avec l’édification de constructions imposantes, de remparts ou de tours. Ces résidences imposantes contrôlent les terroirs alentours. Le IIe siècle avant notre ère est marqué par la fondation de multiples bourgades gauloises, des agglomérations s’étendant tout au plus sur quelques dizaines d’hectares, parfois dominées par les résidences monumentales de l’aristocratie.

Évocation de l'agglomération de Paule au Ier siècle av. J.-C., dominée par une résidence fortifiée de l'aristocratie - Laurence Stéphanon  AGP Yves Menez

Monnaie et pouvoir politique

Cet essor des échanges se traduit également par l’apparition de la monnaie entre le IIIe et le IIe siècle avant notre ère. Ces monnaies en métaux précieux ne sont pas utilisées pour les achats quotidiens. Elles sont avant tout destinées au stockage des richesses et aux transactions majeures. Presque toutes n’ont circulé que sur le territoire de la cité. Certaines pièces ont circulé sur des territoires plus restreints, correspondant peut-être à des pagi, des pays disposant chacun d’une certaine autonomie au sein de la cité. L’aristocratie gauloise domine ces territoires et les administre au quotidien au sein d’assemblées, tel le sénat mentionné par César à propos de la cité des Vénètes.

Monnaies d'électrum de la cité des Osismes, servant à payer les transactions importantes, vers -50 avant J.C.  - (Musée de Bretagne, Rennes) – photo : Sammyday (Wikimédia)

La conquête et ses conséquences : réorganisation des territoires et des agglomérations

La conquête du sud de la Gaule, entre 125 et 117 avant notre ère, ouvre à Rome les portes de l’Europe du Nord-Ouest. César entame en -57 une campagne contre les cités belges et armoricaines qui se conclut par la défaite des armées gauloises. En -27, la Gaule est organisée en trois provinces : l’Aquitaine, la Belgique et enfin la Lyonnaise, dont fait partie la péninsule bretonne. Le territoire est divisé en circonscriptions, les cités, qui reprennent en général les territoires des peuples gaulois et à la tête desquelles est placée une capitale, conformément aux usages méditerranéens.

Dans la péninsule bretonne, on a préféré fonder de nouvelles capitales, sur des sites plus adaptés à l’établissement de villes conformes aux usages romains. La plupart des anciennes bourgades gauloises sont alors abandonnées. Quelques-unes, les mieux placées pour s’intégrer dans cette nouvelle organisation des territoires, ont continué à se développer, pour devenir des bourgades romaines placées sous le contrôle des capitales de cité.

CITER CET ARTICLE

Auteur : Yves Menez, « L’âge du fer en Bretagne », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 16/05/2017.

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Bibliographie

Proposé par : Bretagne Culture Diversité