À bord des navires de la Compagnie des Indes

Auteur : Gael Briand / mars 2019

La vie à bord des navires de la Compagnie des Indes n’a rien d’une gentille et reposante croisière dans les mers les plus exotiques du globe. Le voyage est aussi long – plusieurs années, comme la Danaé par exemple, qui appareille en 1724 et ne revient que trois ans plus tard – que constellé de dangers : coups de vent redoutables dans le golfe de Gascogne ou au large du cap des Aiguilles, récifs d’autant plus traîtres que la cartographie maritime est encore balbutiante, combats navals contre des navires corsaires, pirates ou encore britanniques… Mais le danger le plus redouté sur ces navires en bois reste bien entendu le feu.

Comme tous les vaisseaux de l’époque moderne, les navires de la Compagnie des Indes sont caractérisés par un confort sommaire et la promiscuité y règne en maître. Les passagers côtoient l’équipage mais sans pour autant se mélanger car le bateau est régi par un ordre social strict qu’il ne saurait être question de transgresser. Cependant, les changements au sein de ces microsociétés ne sont pas rares : la mort du fait d’un combat naval impromptu ou d’une quelconque fièvre tropicale y est pour beaucoup, de même que les désertions et autres changements de navires lors des escales.

Aux qualités navales des bâtiments à phares carrés qui éprouvent les pires peines à remonter au vent s’ajoutent les rigueurs de la navigation en convoi : afin d’assurer la sécurité de chacun, l’on se calque sur le plus lent des bateaux. L’arrivée aux « Indes florissantes » peut apparaître interminable, surtout que l’équipage est aux ordres de capitaines qui, seuls maîtres à bord après Dieu comme le veut la formule consacrée, peuvent faire régner une discipline des plus rigoureuses.

Sur les navires de la Compagnie des Indes, comme sur ceux de la marine de guerre du reste, les conditions d’hygiène sont déplorables. Les cales sont chargées d’un air d’autant plus lourd et vicié que l’on navigue dans des parages où règne une chaleur étouffante et une humidité permanente. Disposer à bord d’eau non croupie est une véritable gageure et à chaque repas le scorbut guette. À cela vient s’ajouter un roulis incessant, de nature à importuner même les plus amarinés des cœurs. Dans de telles conditions, la moindre manœuvre devient des plus dangereuses, notamment lorsqu’il s’agit de prendre un ris du fait de la tempête : malgré le vent et la houle, les marins doivent grimper dans les mâts et, comme des voltigeurs, se frayer un chemin sur les vergues.

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Auteur : Gael Briand, « À bord des navires de la Compagnie des Indes », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 25/03/2019.

Permalien: http://bcd.bzh/becedia/fr/a-bord-des-navires-de-la-compagnie-des-indes

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