A propos de la « question bretonne »

Auteur : René Cintré / novembre 2016
C’est sous le règne de Louis XI que commence véritablement « la question bretonne » dévoilant les intentions du pouvoir royal vis-à-vis de la Bretagne.

D’un côté, le roi : Louis XI, patient, obstiné et calculateur, bougeant sans cesse les pions à son avantage. De l’autre, le duc : François II, en position de faiblesse et contraint à la défensive. Vis-à-vis du royaume, le duché de Bretagne fait réellement figure d’État indépendant, avec sa frontière, son armée, sa monnaie, son administration et son prince-souverain « duc de Bretagne par la grâce de Dieu ».

Privilégiant la voie juridique, le roi essaye d’abord de tirer parti des très nombreux motifs de dissension relevés ici ou là, tant à propos de l’administration du duché que sur le terrain proprement dit, notamment dans les régions de marches sujettes à discussion. Dans le même esprit, il promulgue plusieurs sentences à l’encontre de François II afin de l’obliger à renoncer à son titre de « souverain seigneur par la grâce de Dieu », habilité à battre monnaie d’or, lever des impôts et mettre une couronne sur ses armoiries ! Enfin, en rachetant les droits appartenant aux descendants des Penthièvre, il espère relancer à son profit la querelle de succession pour le trône ducal… surtout si le duc vient à décéder sans héritiers masculins (à ce sujet voir le dossier sur la bataille d'Auray).

Tout cela sans grand résultat, il faut bien le reconnaître ! En réalité, chacun comprit très tôt qu’on ne pourrait rien régler sans recourir à la guerre… qui, dès lors, ne cessa de jalonner le déroulement des années 1460-1480, sous une double forme : « ouverte » de 1465 à 1468, en 1472 et en 1484 ; ou « insidieuse », tout au long de ces mêmes années placées sous le signe de « l’éminent péril » aux abords de la frontière. À partir du milieu des années 1480, la situation s’aggrave, marquée par l’éclosion – au plus haut niveau de l’État ducal – d’un très influent « parti français » visant à déstabiliser le gouvernement et préparer les événements à venir. Et c’est ainsi qu’en mars 1487, à l’initiative de Françoise de Dinan, est conclu le fameux « pacte de Châteaubriant », dont la portée – relevant de la plus pure trahison – s’avéra déterminante, puisqu’il autorisait le principe d’une intervention militaire française sur le sol breton… en échange de la reconnaissance des droits de Charles VIII sur le duché ! Moyennant quoi, les opérations de grande envergure pouvaient commencer.

CITER CET ARTICLE

Auteur : René Cintré, « A propos de la « question bretonne » », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 23/11/2016.

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