« Que la mer soit ou non son destin, l’enfant ne peut ignorer ce qui fait l’essentiel de sa planète. » C’est avec cette maxime que Jacques Kerhoas décrit son ambition au travers des classes de mer. Surtout, délocaliser l’enseignement scolaire en milieu marin lui permet d’unir ses deux passions au sein d’un même projet, d’établir un lien entre sa vocation pour l’enseignement et son amour de la mer.
Rêvant de créer un espace dédié au nautisme, il restaure à Daoulas, avec quelques amis, un ancien site carrier abandonné dans l’espoir de démocratiser les loisirs auprès des jeunes. Homme de convictions et d’action, il s’interroge et affirme ses idées : « Pourquoi a-t-on dissocié école et loisirs ? Ne contiennent-ils pas tous deux des vertus éducatives pour la personnalité de l’enfant ? Nous, on préférait faire quelque chose pour les jeunes plutôt que de gueuler après… »
Le centre de Logonna-Daoulas accueille la première classe de mer en 1964. Le rêve de Kerhoas prend forme et il continuera par la suite à le développer, œuvrant pour une reconnaissance par l’Education Nationale, s’activant pour obtenir des soutiens politiques et des financements, travaillant pour la mise en place d’un réseau de classes de mer. Unanimement respecté par les acteurs du nautisme, Jacques Kerhoas est considéré comme un visionnaire, « l’inventeur des classes de mer », inscrivant son projet dans un mouvement d’éducation populaire où l’action est la clé de voûte de l’apprentissage. Ainsi, dans un colloque officiel sur les pédagogies nouvelles où il doit promouvoir les classes de mer, notamment devant le Ministre de l’Education Nationale présent dans la salle, il se contentera d’une intervention brève : « Il y en a là 42 qui dorment ! Les gosses aussi, après six heures de cours, dorment de la même façon. Voilà pourquoi j’ai créé les classes de mer. C’est tout ce que j’ai à dire ». Pédagogue convaincu, il a laissé un immense héritage pour le nautisme scolaire breton, les classes de mer devenant un « patrimoine » breton à préserver.